2015: Les volcans géants du Kamchatka
De l’improbable ville de Petropavlovsk, située sur la côte Sud-Est de la péninsule du Kamchatka, nous partons en véhicule tout terrain pour réaliser deux boucles. La première, en direction du Nord, est l’occasion d’approcher l’infréquentable volcan Klyouchevskoy, et l’hémophile Tobalchik. La seconde, vers le Sud, nous mène au cœur des paysages surréalistes qu’entourent les volcans Gorely, Mutnovsky et Avachinsky. Très souvent en éruption, ces derniers se coiffent de puissants panaches. En itinérant à travers ces terres incroyablement sauvages, nous rencontrons le peuple évène et naviguons sur la rivière Kamchatka dont les eaux poissonneuses font le bonheur des ours. Nous avons également l’occasion de survoler le volcan Karimsky en hélicoptère qui est en éruption quasi permanente et rejoindre la vallée des geysers et la caldeira d’Uzon.
Voire montage vidéo
Les Volcans Géants du Kamchatka
Mardi 4 août (Vol Genève-Moscou)
Décollage le soir de Genève pour Moscou.
Mercredi 5 août (Visite de Moscou et vol pour Petropavlovsk)
Atterrissage à Moscou très tôt le matin et repos à l’hôtel. Ensuite on rejoint Moscou en train. Une magnifique gare verte nous accueille et nous nous engouffrons dans le célèbre métro moscovite pour nous rendre au centre de la ville. C’est le métro transportant le plus de passagers au monde après celui de Tokyo : soit 6.8 millions par jour (plus que ceux de New York et Londres réunis !). Les tunnels du métro de Moscou sont très profonds et la plupart de ses stations sont riches en ornements, avec leurs remarquables exemples de l'art de l'époque du réalisme socialiste — d'où leur appellation de « palais souterrains ».
Nous débarquons au centre-ville où nous accueille le théâtre Bolchoï. Il a été le lieu de nombreuses premières historiques, dont, le 4 mars 1877, le célèbre ballet Le Lac des cygnes de Tchaïkovski ou encore des compositions de Rachmaninov. Cependant, durant cette période (fin des années 1870), le Bolchoï n'est pas encore la scène prestigieuse qu'il deviendra au XXe siècle et les spectacles proposés souffrent de la comparaison avec ceux du Mariinski de Saint-Pétersbourg. Le bâtiment, en revanche, reconstruit après l'incendie de 1853, est d'une splendeur sans égale et n'a rien à envier à son homologue pétersbourgeois. La statue de Karl Marx trône en face du théâtre.
Nous nous dirigeons ensuite vers la Place Rouge qui se trouve à deux pas du Bolchoï. Elle est bordée à l’ouest par le Kremlin, à l’est par Kitaï-gorod ; la cathédrale Basile-le-Bienheureux est située au sud de la place. Au milieu, contre la muraille du Kremlin se trouve le mausolée de Lénine, embaumé après sa mort. Après avoir été la résidence officielle des tsars, puis des dirigeants de l'URSS, le Kremlin devient le centre politique de la Fédération de Russie, puisqu'il est aujourd'hui la résidence officielle et le lieu de travail du président de la Fédération.
Jeudi 6 août (Vol Moscou-Petropavlovsk et visite du musée volcanologique)
Atterrissage à Petropavlovsk dans la matinée et transfert à l’hôtel dans la capitale du Kamchatka. Avec une population de 182'000 habitants, elle se situe dans la baie d’Avatcha, au sud de la péninsule du Kamchatka. Elle est surplombée par les majestueux volcans Koriakski et Avatchinski. Petropavlovsk est une ville dont l'activité économique repose en grande partie sur l'industrie de la pêche (près de 400 000 tonnes de poissons et crustacés par an). Quatre-vingts pour cent des activités industrielles de la région sont liées à l'exploitation de la mer.
Visite du musée volcanologique et explications sur l’activité en cours des principaux volcans. Nous y découvrons une belle collection de spécimens de roches et de fragments de lave. Il y a même un échantillon de souffre récupéré au fond d’un des lacs de la caldeira d’Uzon que l’on visitera le lendemain.
Vendredi 7 août (Excursion en hélicoptère, volcan Karimsky, volcan Maly Semiachik, Vallée des geysers, Caldeira d’Uzon, source d’eau chaude)
Envol en hélicoptère Antonov pour une excursion volcanique palpitante dans la réserve naturelle de biosphère de Kronotski qui est l’un des six sites du Kamchatka classés par l’Unesco au Patrimoine mondial.
Survol du volcan Karimsky (1486m) qui est en éruption. En activité quasi permanente, ce volcan a eu une vingtaine d’éruptions majeures en moins de deux siècles. En éruption depuis 2001, ses explosions de type vulcanien sont particulièrement violentes et accompagnées parfois de nuées ardentes.
Survol du volcan Maly Semiachik (Petit Semiatchik en Russe). Il est composé de trois stratovolcans imbriqués à l’intérieur d’une caldeira de 10 km de diamètre. Le cratère sommital possède à son sommet un lac acide qui s’est formé pendant une importante éruption explosive il y a environ 400 ans. La profondeur moyenne du lac est de 140 m et son diamètre est d’environ 500 m (le diamètre du cratère est de 860 m au niveau de sa ligne de crête). La température de l’eau varie entre 30°C et 40°C. La coloration de l’eau du lac est due à une haute concentration d’acides sulfuriques, fluorhydriques, salins et d’autres produits chimiques.
L’hélicoptère nous dépose ensuite dans la vallée des Geysers. Très enclavée, la vallée n’est guère accessible qu’en hélicoptère (200 km de vol, la première piste, difficile est à 110 km). Située au pied du volcan Kronotsky, cette vallée abritait de nombreuses sources chaudes et pas moins de 90 geysers, jusqu’à ce que la majorité d’entre eux ne soit recouverte par un glissement de terrain en 2007. Néanmoins il reste une vingtaine de geysers actifs.
La vallée des geysers est découverte par deux scientifiques locaux, Tatiana Ivanovna Oustinova (1913-2009) et Anissifor Pavlovitch Kroupénine (1912-1990), le 14 avril 1941. Elle publie sa découverte quatorze ans plus tard mais l'exploration des environs ne débute que vers 1972. Une étude systématique est menée au milieu des années 1970 et une surveillance automatique est introduite en 1990. Plus de trente geysers sont nommés : le « Bolchoï » (le grand), le « Vélikane (le géant), la « Krépost » (la forteresse), le « Bastion » (le bastion), le « Fontane » (le jet), la « Banna » (la baignoire), le « Jemtchoujny » (le nacré), le « Plachtchanitsa » (le Saint-Suaire). Le Geyser Géant (Velikan), capable de produire un jet d'eau toutes les 2 à 6 h pouvant atteindre 40 m d'altitude. À partir des années 1980, la zone est promue au sein de l'URSS comme l'une des principales attractions touristiques du Kamtchatka et de l'Extrême-Orient russe. Les touristes étrangers sont admis dans la vallée à partir de la chute de l'URSS en 1991. Environ 3 000 touristes visitent le site chaque année. Le 3 juin 2007, un glissement de terrain de 22,7 millions de m3 recouvre les deux-tiers de la vallée. Le 5 juin, un barrage haut de 60 mètres se forme dans la partie supérieure de la vallée et fait monter les eaux de la rivière Gueïzernaïa et donne naissance au lac Gueïzernoïe (Ozero Guéziernoïé). Le caractère irréversible des changements topographiques induits par le glissement de terrain n'est pas encore avéré et il est possible que les dégâts soient moins importants que cela avait été craint à l'origine. Le 9 juin 2007, les eaux commencent à se retirer révélant certaines zones submergées. Le geyser Velikan, le plus important de la vallée (panache de 35 m de haut), n'a pas été recouvert et est toujours actif. D'autres grands geysers sont encore visibles : le Bolshoy (panache de 12 m de haut) a été déblayé, le Gorizontalnyy (panache incliné à 45° mais s'élevant à 10 m) est toujours actif, le Grot (geyser très irrégulier montant à 60 m) et le Zhemchuzhnyy (panache de 6 m de haut) également. Par contre, le geyser Pervenets est partiellement obstrué. Alors qu'il s'élevait à 20 m de haut malgré son inclinaison à 45°, il ne dépasse maintenant plus 1 m.
Nous décollons ensuite pour la caldeira d’Ouzon non loin de la vallée des geysers. Longue de 12 km et large de 9 km, elle abrite le plus grand champ géothermique dans la péninsule du Kamchatka.
C’est un endroit unique au monde et, comme un laboratoire naturel, offre une démonstration en tant réel des processus qui se déroulent dans un écosystème thermal. Plus de 1'000 sources d’eau chaudes de différentes tailles et formes, de nombreuses sources de vapeur et de gaz, des marmites de boue, de petits volcans et des lacs thermaux sont concentrés dans une bande de terre de 200-350 m de large sur cinq champs thermaux.
De nombreux micro-organismes extrêmophiles s’y développent grâce aux températures élevées. La caldeira abrite un grand geyser, le Shaman, situé à 16 km de l'ensemble géothermal de la Vallée des geysers. Son panache monte jusqu'à 8 m de haut, sa hauteur ayant augmenté au cours du début de la décennie 2010.
Un lac unique s’y trouve également, il s’agit du lac Bannoye (Sauna). Il dégage du radon radioactif et un bouchon de souffre localisé à 28 mètres de profondeur recouvre un réservoir de souffre liquide. D’ailleurs des volcanologues récupérèrent un échantillon de ce soufre en balançant un câble métallique dans le lac et en le ramenant à la surface. Cet échantillon est observable au musée volcanologique de Petropavlovsk.
Le côté unique des écosystèmes naturels de la caldeira réside dans la variété de ses composants, leur combinaison inhabituelle, dans le rôle des nutriments et dans le cycle de la matière. De la végétation arboricole côtoie de la végétation de montagne et de prairies alpines. Des oiseaux nicheurs s’y trouvent en abondance. Des animaux et des plantes ont trouvé des façons de s’adapter à l’environnement thermal. D’ailleurs les ours abondent dans la région et les nombreuses empruntes que nous croisons en sont la preuve. Ces derniers viennent se prélasser dans les eaux chaudes de la caldeira.
Samedi 8 août (Petropavlovsk – Klyouchi)
Dimanche 9 août (Klyouchi – Volcan Klyouchevskoy)
Ce volcan de 4850m d’altitude constitue le plus haut sommet de la péninsule du Kamchatka et est l’un des volcans basaltiques les plus actifs du monde. En activité éruptive presque constante, il émet à lui seul chaque année plus de la moitié du volume total des laves émis par tous les volcans de la ceinture du Kouriles – Kamchatka. Son activité éruptive est souvent caractérisée par des percées latérales qui forment des cônes de cendre le long de fissures radiales. On y observe très souvent, comme en 2010, des explosions stromboliennes et des coulées de lave. Le cratère sommital peut lui aussi entrer en éruption comme en 1994 où son panache atteint 20km d’altitude. Une nouvelle éruption a débuté en janvier 2015 se traduisant notamment par la mise en place d’une coulée de lave.
Lundi 10 août (Volcan Klyouchevskoy – Kozyrevsk)
Nous étions sensé faire une randonnée vers des sources d’eau chaude pour éventuellement rencontrer des ours. Malheureusement il pleut et nous décidons de lever le camp pour retourner à Klyouchi. Avant notre départ des géologues nous rejoignent au refuge pour y rester plusieurs jours. Nous les voyons arriver avec un véhicule d'un autre âge. D'ailleurs leur moteur cale et ils doivent le redémarrer grâce à une manivelle, la scène est plutôt cocasse!
Nous faisons une halte à Milkovo pour acheter quelques souvenirs et des cartes postales.
Mardi 11 août (Kozyrevsk – Volcan Tobalchik)
Transfert avec notre camion 6x6 au pied du volcan Tobalchik que l’on approche par son versant Nord. Ce volcan possède deux sommets, l’Ostry Tolbachik (3682m) et le Plosky Tolbachik (3085m). 31 éruptions y ont été référencées depuis le 18ème siècle. Celle de 1975 – 1976, fut l’une des plus importantes du siècle. De type hawaïen, un important volume de lave et de téphras s’est échappé des fissures, accompagné d’explosions qui édifièrent plusieurs cônes de 100 à 320 mètres de hauteur. Cette phase éruptive se prolongea durant 1 an et demi, décimant et recouvrant forêts et toundras sur une très vaste surface…Elle fit même disparaître un lac. Une nouvelle éruption a débuté le 27 novembre 2012 produisant d’abondantes coulées de lave et un puissant panache de cendre. Cette éruption s’est poursuivie tout au long de l’été 2013.
Nous traversons avec notre camion une forêt remplie de myrtilles que nous dégustons avec plaisir. L’éruption de 2012-2013 a vomis un torrent de lave de 20km de long et qui a englouti la route d’accès au volcan. Nous devons donc faire un détour par une nouvelle route qui contourne la coulée. Finalement nous sortons de la forêt pour déboucher sur le versant couvert de cendre du volcan.
Nous découvrons même des empruntes d'ours fraîches dans la boue!
Après un casse-croûte Sacha nous invite à monter sur le toit du camion pour terminer notre approche du volcan. François est le seul du groupe à décider de rester dans le véhicule. Nous roulons sur la cendre noire et nous réalisons avec stupeur que Sacha, qui conduit le camion, vient nous rejoindre sur le toit ! En fait c’est l’interprète, Irina, qui a pris la place du chauffeur. Nous arrivons au sommet d’une butte afin d’entamer le dernier tronçon qui est sensé nous amener au campement dans la forêt morte. C’est précisément à ce moment que la boîte de vitesse du camion rend l’âme. Le camion dévale les pentes du volcan en roue libre avec nous sur le toit ! Irina a heureusement le réflexe de faire une sortie de route pour que le camion s’enlise dans le sol meuble et puisse ralentir. Par contre sur le toit ça balance sérieusement et nous devons nous cramponner pour ne pas être éjecté. Des roches volcaniques coupantes se trouvent au pied de la butte et Irina est forcée de tourner brusquement à gauche pour ne pas nous écraser contre le basalte. Le camion parvient malgré tout à se rétablir sans basculer et sans nous éjecter par-dessus bord. Finalement le camion s’arrête net. Nous reprenons nos esprits et réalisons que nous avons frôlé la catastrophe.
Mercredi 12 août (Volcan Tobalchik)
Nous escaladons un des cônes volcaniques qui a vomit une grande coulée de lave. A son sommet il y a des minéraux multicolores (aluminium, manganèse, soufre,...) extraits de la croute terrestre par le magma. Des gaz brûlant (400°C) sortent encore des anfractuosités ce que nous avons attestons en y insérant une branche qui s'enflamme rapidement.
Visite de la forêt morte. C'est ici qu'on aurait dû installer notre campement si on n'avait pas eu un soucis technique avec le camion. A l'époque il y avait de grands arbres vigoureux. Cependant une éruption a entièrement recouvert la forêt sous une couche de cendre de 5 à 10 mètres d'épaisseurs! Les arbres ont fini par mourir étouffé et seul leurs cimes dépassent de la cendre. Cet endroit désolé abrite pourtant de la vie. En effet des arbustes et des fleurs tentent de repousser. On y découvre également des crottes d'élan et de tétra sur le sol, car c'est un lieu de passage de nombreux animaux (y compris d'ours).
Il y a même une queue d'hélicoptère qui repose sur la cendre suite à un crache. En effet de la cendre s'était engouffré dans la turbine lors du décollage ce qui induisit l'accident.
Jeudi 13 août (Volcan Tobalchik)
Ascension du volcan cratère Plosky Tobalchik, qui est à l’origine des abondantes coulées de lave et projection de cendres de la dernière éruption.
Nous franchissons d'abord la coulée de lave issue de l'éruption de 2012-2013. Nous évoluons à travers un relief accidenté où nous découvrons de magnifiques formations de lave cordée.
Les flancs du volcan sont nimbés de brouillard et nous ne percevons pas le but du voyage. Étonnamment le sol est couvert de petites mouches blanches. Pas un seul centimètre carré n'est épargné par les insectes. D'ailleurs par moment nous avons l'impression de nous trouver au milieu d'une tempête de neige vu le nombre phénoménal de mouches qui virevoltent!
Lors de notre retour du sommet, le brouillard se sera dissipé et plus aucune mouche ne sera visible. Visiblement les mouches affectionnent l'humidité des nuages qui se dépose sur la roche volcanique.
A un endroit des empilements de bombes volcaniques dessinent divers animaux. C'est aussi ça l'ascension des volcans!
En redescendant nous passons devant une chute d'eau. En fait cette dernière était asséchée lors de notre ascension et la guide nous avait fait la remarque qu'une chute était sensé s'y trouver. Nous avions supputé qu'il n'y avait plus assez d'eau pour alimenter la rivière. C'est donc surprenant de la voir à la descente alors que seulement quelques heures se sont écoulés!
Nous arrivons au terme de notre randonnée qui aura duré une douzaine d'heures. Nous faisons face à l'allée de cratères adventifs qui s'éloignent du Tobalchik en ligne droite, le panorama est dantesque! Le temps est magnifique et nous avons le privilège d'observer le Kronotsky (3528m) et le Kizimen (2376m) qui fume au loin. Ces derniers sont pourtant éloignés de 120 et 80 km respectivement!
Les pentes du Kronotsky sont extrêmement régulières, ce qui lui confère une forme peu rencontrée de cône symétrique, seuls le mont Fuji au Japon ou le Mayon aux Philippines ayant un profil comparable.
Le Kizimen est un stratovolcan conique ayant une morphologie similaire à celle du mont Saint Helens avant son éruption de 1980.
Le soleil commence à se coucher et nous profitons de la baisse de luminosité pour observer le rougeoiement des anfractuosités dans la coulée de lave. Le sol est par endroit tellement chaud que des odeurs de semelle fondue nous piquent le nez!
Vendredi 14 août (Volcan Tobalchik – Milkovo)
Samedi 15 août (Milkovo)
A proximité de Milkovo, la rivière Kamchatka est fréquentée des ours qui viennent s’y nourrir de saumons. Nous y navigation en bateau à moteur sur 30 km et nous recevons une initiation à la pêche. François est le premier à sortir un poisson de la rivière. D’ailleurs il a même fait deux prises simultanément, car son poisson était en train de manger un bébé saumon !
Visite d’un camp de braconnier. Il y a 20'000 ours au Kamchatka, dont 700 tués par année. La License pour tuer un ours s’élève à 12'000 Euros. Pique-nique au bord de la rivière. Les guides nous offrent un gobelet de vodka. Ils préparent ensuite du caviar de saumon frais et une soupe de poisson, un vrai délice!
Rencontre avec une ethnologue française qui fait son post-doc sur les Evènes renégats. A l'origine c'est un peuple d'éleveurs de rênes. Cependant leur mode de vie n'est pas très compatible avec la vie contemporaine russe au Kamchatka. La politique d'assimilation Russe ainsi que les incertitudes et l'instabilité de l'environnement subarctique ont contraint certains Evènes à se mettre en marge de la société et à frôler les limites légales admises en Russie. C'est un tabou à Milkovo, mais il s'avère qu'une soixantaines d'Evènes ont renié leur traditions séculaires d'éleveurs pour devenir chasseur dans les forêts isolées de l'Ouest du Kamchatka. Ces régions sont particulièrement inaccessibles et ces renégats profitent donc pleinement de la Nature sauvage. Ils vivent dans des conditions spartiates comme dans le temps et continuent à perpétuer leur culture animiste.
La jeune anthropologue revient d’un mois de forêt avec les Evènes renégats depuis la côte Ouest du Kamchatka. Au début personne ne voulait admettre que des Evènes puissent vivre en liberté dans la forêt. Elle a donc dû faire preuve de persuasion pour soutirer des informations sur leur emplacement. Pour s’y rendre elle a dû emprunter un tank, un quad, un cheval et un bateau à cause de l'extrême isolement de la région!
Elle nous a dit qu'elle devait se rendre en Autriche début septembre pour faire une présentation lors de la 11ème conférence sur les sociétés de chasseurs et de cueilleurs. Avant cela elle voulait découvrir les volcans de la région (en l’occurrence le Tobalchik), car elle n'en a jamais eu l'occasion jusque-là.
En rentrant en Suisse j'ai appris dans le journal qu'une anthropologue Française avait été attaquée par un ours sur les flancs du Tobalchik! La jeune femme de 29 ans s'est retrouvée face à un ours alors qu'elle escaladait le volcan avec deux amis et a été grièvement blessée au visage et aux jambes. Elle a été admise à l'hôpital de Moscou le 25 août et a subi une opération. Heureusement sa vie n'est pas en danger. Par contre sa présentation à la conférence de septembre en Autriche a probablement été annulée comme l'atteste le programme modifié :
Animistic subversions versus assimilation politics in Alaska and Kamchatka
Authors: Martin, Nastassja (Fyssen fondation, La Grave, France); Stepanof, Charles (EPHE, Paris, France)
This paper is a comparative study on contemporary developments of animism in the context of environmental and political transformations in both northern Alaska (United States) and Kamchatka (Russia). On each side of the Bering Strait, indigenous assimilation politics have grown in symmetrically opposed ways. The focus on Nature in its dual form (protection of the environment/exploitation of the resources) in Alaska led to a disappearance of visual cultural diversity among indigenous societies. To the contrary on the Soviet side, the socialist unification of the territory was promoted by enhancing folkloric diversity among indigenous cultures. After examining the historical context in which American and Soviet governments built up their respective assimilation politics, we will explore how some minority groups of hunters and fishers pertaining to Gwich’in (northeast Alaska) and Even (Central Kamchatka) societies are answering to the political institution ruling them with a subversive animistic style, drawing its power from the ongoing state of instability and uncertainties at play in subarctic environments nowadays.
Dimanche 16 août (Milkovo – Volcans Gorely et Mutnovsky)
Lundi 17 août (Volcan Mutnovsky)
C’est un volcan de type vulcanien, constitué de dépôts de ponce et coulées de lave. Nous traversons des étendues glacées au milieu d’un paysage vierge. Par endroit la pente est si raide qu’on a du mal à croire que le camion y arrivera à bout. Ce n’est sans compter la robustesse de la mécanique soviétique ! Nous avons également l'occasion de voir des marmottes.
Nous arrivons finalement au pied du volcan qui exhale sans interruption un gigantesque panache blanc. Nous avons immédiatement envie d’aller voir ce qui s’y passe à l’intérieur. Cependant nous devons faire preuve de patience, car nous avons d’abord une autre merveille à admirer…il s’agit d’une majestueuse chute d’eau sur la rivière Vulkannaya qui plonge dans le ravin de Opasny qui signifie ravin « dangereux ». En effet les parois qui entourent la chute sont vraiment vertigineuses.
Il fait grand beau et nous avons la chance de pouvoir voir le volcans Opala et Gorely. Le volcan Opala (2475m) qui se trouve à 56 km de notre position est un très beau volcan conique coiffé par une caldeira. Nous escaladerons le volcan Gorely le lendemain. Ce dernier se trouve juste en face du volcan Mutnovsky.
Finalement nous partons à pied pour faire l’ascension du volcan Mutnovsky, l’un des plus extraordinaires volcans du Kamchatka. Durant l'ascension nous passons devant une croix. En fait un jeune géologue décéda d'une façon atroce en 1991 en glissant dans une marmite de boue en ébullition. Seul une de ses chaussures fût retrouvée.
En arrivant au cœur du volcan nous faisons face à un spectacle grandiose. Succession de panoramas uniques où se côtoient glaciers, fumerolles, marmites de boue crevée d’énormes bulles, fractures tapissées de soufre…le tout formant un ensemble surréaliste de couleurs et de mouvements qui apparaît et disparaît au gré des fumées…
Nous continuons notre ascension dans la neige pour joindre un deuxième cratère intriqué dans le premier. Au pied de ce deuxième cratère se trouve un petit lac bleu dans lequel flottent des plaques de glace. Nous escaladons la paroi en nous aidant d'une corde avant de déboucher sur un gouffre infernal. En effet le panache géant provient de ce cratère et nous sommes aux premières loges pour l'admirer!
Mardi 18 août (Volcan Gorely)
Ascension du volcan Gorely, situé au milieu d’une caldeira de 13 km de diamètre. Trois cratères principaux forment le sommet de cet édifice volcanique qui culmine à 1829m. Sa dernière éruption majeure dura de 1984 à 1986. Une nouvelle bouche active s’est ouverte en 2010. Nous découvrons sa caldeira et trois de ses quatre cratères sommitaux. A la descente nous profitons d’un névé pour faire une petite session de luge.
Nous visitons ensuite dans une grotte plus petite. Nous y découvrons des conduites de pierre. En fait il s'agit de tunnels de lave à l'intérieur du tunnel de lave. Sacha nous montre une petite brèche qui nous permet d'entrer dans une de ces conduites. A l'intérieur on y trouve une deuxième conduite, c'est la première fois que je vois ça dans un tunnel de lave!
Mercredi 19 août (Volcans Gorely et Mutnovsky - Petropavlovsk)
Bain dans les sources chaudes de Vilunchinski.
Après un pique-nique dans la forêt, nous essayons de débusquer des ours le long de la rivière Paratunka. Nous y découvrons de nombreux saumons agonisants et il leur manque plusieurs morses. De plus la végétation est couchée près des berges, ce qui démontre que les ours ne sont pas très loin. Malheureusement les plantigrades sont plutôt timides ce jour-là et nous n'en voyons aucun.
Nous rentrons ensuite à notre hôtel de Petropavlosk.
Jeudi 20 août (Petropavlovsk - Volcan Avachinsky)
Départ avec notre camion 6x6 pour le camp de base du volcan Avachinsky. Sa dernière éruption majeure date du 13 février 1991, date à laquelle il projeta un nuage de cendre à 5000 mètres de hauteur qui retomba en partie sur Petropavlovsk distante de 30 km. Il fut par ailleurs actif en 2008 – 2009. Son vaste cratère est actuellement bouché par un puissant dôme de lave étrangement fracturé, laissant s’échapper d’impressionnantes fumerolles visibles à une cinquantaine de km de distance.
Nous arrivons au refuge où nous découvrons d’affectueux spermophiles (une sorte d’écureuil terrestre).
Vendredi 21 août (Volcan Avachinsky)
L'Avatchinski culmine à 2 741 mètres d'altitude et a la forme d'un cône aux pentes régulières inscrit dans une caldeira en forme de fer à cheval ouverte vers le sud-ouest. Il est flanqué au sud-est par le Kozelski, une bouche éruptive latérale composée d'un cratère ouvert vers le nord-est.
L'Avatchinski est né vers le milieu ou la fin du Pléistocène. Il y a trente ou quarante mille ans, la caldeira en forme de fer à cheval ouverte vers le sud-ouest s'est formée au cours d'une éruption qui a enseveli une zone de 500 km2 sous les débris, y compris l'emplacement actuel de la ville de Petropavlovsk. À l'intérieur de cette caldeira s'est reconstitué le stratovolcan actuel au cours de deux phases, la première débutée il y a 18 000 ans et la seconde débutée il y a 7 000 ans.
Le dôme de lave actuel, dont le volume est estimé à dix millions de mètres cubes, s'est mis en place au sommet du volcan au cours de l'éruption du 13 au 30 janvier 1991.
Aucune éruption n'a entraîné de lourds dégâts matériels ou des victimes humaines mais la proximité des volcans Avatchinski et Koriakski avec la ville de Petropavlovsk, plus grande ville et capitale du kraï du Kamtchatka, et la nature de leurs éruptions explosives ont décidé les volcanologues à les inclure tous les deux dans la liste des volcans de la décennie.
Ascension du volcan Avachinsky par un bon sentier en pente raide. Nous subissons un vent violent lors de l’ascension.
Tour du cratère sommital. Nous avons une vue à couper le souffle sur le volcan Koryaksky qui fait face à l'Avachinsky.
Le Koriakski culmine à 3 456 mètres d'altitude ce qui en fait le sommet le plus élevé du groupe volcanique Avatchinskaïa. Il a la forme d'un cône aux pentes régulières, mais entaillées par l'érosion en formant quelques petites vallées abruptes, notamment sur son flanc sud. La montagne est un stratovolcan; ses éruptions explosives le rangent dans la catégorie des volcans gris. Ses éruptions produisent des dômes de lave, des panaches volcaniques, des nuées ardentes, de petites coulées de lave et des lahars.
Après une ascension éprouvante et des images magnifiques plein la tête, nous retournons au refuge.
Samedi 22 août (Volcan Avachinsky – Petropavlovsk)
Visite du musée ethnographique de Petropavlovsk. Nous apprenons l’histoire de Petropavlovsk, plus ancienne ville de l'Extrême-Orient russe. La cité fût fondée en octobre 1740 lorsque les vaisseaux Saint-Pierre et Saint-Paul, commandés par Vitus Béring et Alekseï Tchirikov, pénètrent dans la baie. En septembre 1787, La Pérouse y fait escale au cours de son voyage exploratoire. Le 2 décembre 1849, le gouvernement russe créa la région « spéciale » du Kamtchatka. En août 1854, durant la guerre de Crimée, la ville est attaquée par une escadre franco-britannique. Après de durs combats (bataille de Petropavlovsk), les assaillants sont finalement rejetés à la mer le 26 août. Durant la Guerre froide, le port militaire de Primorski abrite une base de sous-marins nucléaires et des installations militaires importantes. Jusqu'en 1990, la péninsule du Kamtchatka est d'ailleurs interdite à tout étranger.
Dîner d’adieu au restaurant de l’hôtel.
Dimanche 23 août (Petropavlovsk – Moscou – Paris)
Transfert à l’aéroport et envol pour Genève, via Moscou.