Contactez-nous

partie centrale qui "pousse"

2012: Népal (Everest Classique)

Hôtel Hyatt

Vendredi 30 mars et Samedi 31 mars (Genève-Katmandu)

Vol Genève-Katmandu en passant en transit par Doha (Qatar Airlines).

Je suis le premier du groupe à arriver à Katmandu le samedi matin. Le guide me récupère à l’aéroport et m’amène à l’hôtel Hyatt. Cet hôtel 5 étoiles est l’un des meilleurs hôtels de la capital. Etant donné que j’ai tout l’après-midi à ma disposition, j’en profite pour visiter le Stupa géant de Bodnat.
Le soir je fais connaissance avec le groupe. Nous sommes au total 12 personnes.
Nous passons la nuit à l’hôtel.

Dimanche 1 avril (Katmandu-Lukla-Phakding)

Le matin nous nous réveillons à 4 heures pour nous rendre à l’aéroport de Katmandu. Nous laissons des habits propres et nos passeports à l’hôtel. Le guide nous donne à chacun une boîte contenant un petit-déjeuner.
Le brouillard couvre toute la ville. Heureusement nous avons de la chance car nous sommes parmi les premiers à décoller pour Lukla (Agni Airlines). J’ai l’impression de me retrouver dans l’avion à hélices d’Indiana Jones, l’aventure peut enfin commencer !
Après environ 35 min de vol au-dessus des contreforts de l’Himalaya, nous atterrissons à l’aérodrome de Lukla (2840 m) qui desservit la région du Khumbu. C’est un des aérodromes les plus dangereux du monde. En effet il faut slalomer entre les montagnes lors de la phase d’approche et la piste est inclinée en épousant la paroi de la montagne. D’ailleurs en hiver les enfants font de la luge sur celle-ci !
Il fait beau temps, par contre la température a baissé sensiblement par rapport à Katmandu. Les porteurs prennent en charge nos bagages et nous buvons un thé chaud dans un lodge du village avant de prendre la route.
Nous faisons 3 heures de marche en descente puis en en remontée douce vers Phakding (2640 m). Le chemin longe la rivière Dudh Kosi qui serpente dans une vallée magnifique. Des parois vertigineuses jaillissent de chaque côté, j’ai l’impression d’être minuscule dans ce pays de géant. Pourtant il ne s’agit que de « petites » montagnes, nous ne sommes pas encore dans le vif du sujet.
Nous dormons dans un lodge à Phakding où nous pouvons prendre une douche chaude.

Aéroport de Lukla
Chemin vers Phakding
Chemin vers Phakding
Chemin vers Phakding

Lundi 2 avril (Phakding-Namche Bazar)

Nous remontons la vallée de la Dudh Dosi, en traversant de nombreux villages. En chemin, vues sur le Thamserku (6623m) et le Kusum Kanguru (6367m).
Il fait beau temps, à 3000 m un T-shirt suffit amplement. A mi-parcours nous devons franchir un pont impressionnant qui traverse une gorge profonde. A partir de cet endroit nous entamons la montée raide qui mène à Namche Bazar (3440 m), la capitale du Khumbu. Au total la marche aura duré environ 6 heures.
L’ambiance de Namche Bazar tranche complétement par rapport aux villages que nous avons traversés. Les rues étroites sont bordées par une multitude d’échoppes vendant tout et n’importe quoi. Ce n’est pas pour rien que le village s’appelle le bazar de Namche. De plus la musique Rock’n Roll qui sort des bars me rappelle que nous nous trouvons dans « le » village touristique de la région. La musique de ZZ Pop me conduit jusqu’à un bar où Christophe et Maurice m’attendent pour boire une bière bien méritée.
Nous passons la nuit dans un lodge à Namche Bazar.

Pont suspendu
Pont suspendu
Porteur
Namche Bazar
Restaurant du sherpa à Khumjung

Mardi 3 avril (Namche Bazar-Khumjung-Namche Bazar)

Cette journée est destinée à notre acclimatation à la haute altitude. Namche Bazar s’étale en demi-cercle dans une sorte de cirque. Nous remontons ses ruelles abruptes et la pente qui surplombe le village. Nous avons une vue panoramique sur Namche Bazar et les montagnes qui commencent vraiment à prendre de la hauteur. Nous continuons à grimper jusqu’à ce qu’on atteigne une crête qui mène à un hôtel singulier, le Hotel Everest View. Cet hôtel luxueux situé à 3900 m est le plus haut du monde et offre une vue sur l’Everest depuis sa terrasse. L’hôtel ouvra en 1973 et les promoteurs japonais pensèrent capitaliser sur la proximité de l’aérodrome de Shyangboche comme voie d’entrée de la région du Khumbu pour les touristes fortunés. Cependant l’augmentation rapide de l’altitude rendait les touristes malades. Malgré l’oxygène offert dans chaque chambre, les symptômes du mal des montagnes persistaient chez de nombreux clients. L’aérodrome fût donc fermé et depuis l’accès à l’hôtel est possible uniquement à pied en faisant 2-3 jours de marche depuis Lukla, ce qui décourageait de nombreux clients. Le succès escompté pour les investisseurs n’était donc pas au rendez-vous. Malgré ces aléas, l’hôtel reste une attraction pour les randonneurs qui peuvent bénéficier d’une terrasse ouverte au publique et d’un repas bon marché.
Malheureusement le ciel était couvert de  nuages et nous n’avons pas pu apercevoir l’Everest. De toute façon à cette distance seulement le sommet de la célébrissime montagne est visible, et pour autant qu’il fasse très beau. Nous en avons profité pour boire un délicieux chocolat chaud.
Nous poursuivons ensuite jusqu’au village de Khumjung (3780 m) qui se trouve juste en contre-bas. Nous y dînons dans un restaurant appartenant à un sherpa qui a fait trois fois l’Everest sans oxygène ! Ce dernier nous a même fait honneur de sa présence. Le lendemain il partait pour le camp de base afin de préparer une nouvelle ascension pour les alpinistes. En effet les sherpas doivent non seulement porter le matériel de leurs clients, mais également installer des échelles sur le glacier pour que ces derniers puissent monter sans encombre.
Après un bon repas nous passons par l’école qu’Edmond Hillary, le pionnier de l’Everest, fit construire. Finalement nous redescendons à Namche Bazar en faisant le tour de la montagne qui surplombe le village. Sur le chemin nous passons d’une légère chute de neige à une pluie fine.
Sur les hauts de Namche Bazar nous visitons un petit monastère où il n’y a qu’un seul moine.
Nous terminons la journée en faisant un peu de shopping à Namche Bazar.
Nuit dans le même lodge.

Phortse
Guide avec les porteurs

Mercredi 4 avril (Namche Bazar – Phortse)

Nous quittons Namche Bazar pour pénétrer de plus en plus dans le parc national de Sagarmatha. Nous montons vers un petit col au-dessus de Namche Bazar puis nous traversons à flanc de montagne jusqu’au Mohon La (3973 m). Ce petit village se trouve sur une crête à flanc de montagne. Nous sommes pratiquement à 4000 m ! Nous y dînons et comme le temps est au beau fixe nous préférons manger sur la terrasse du restaurant.
Ensuite nous descendons jusqu’au bord de la Dudh Kosi avant de remonter dans une belle forêt avec des cascades jusqu’à Phortse Tenga, beau village en face du Thamserku (6623 m) et Kangtenga (6809 m).
Après 5 heures de marche nous arrivons à Phortse Tenga (3675 m). Le village se trouve sur une vaste terrasse remplie de champs de pommes de terre, d’oignons, de choux et autres légumes.
Nous longeons le bord du village pour assister au coucher du soleil. A ce moment nous avons la chance d’apercevoir un faisan doré, emblème du Népal. Ce dernier ne s’attarde pas en notre présence et décolle rapidement pour d’autres versants Himalayens.
Nous dormons dans un lodge du village.

Jeudi 5 avril (Phortse – Dingboche)

Le matin nous partons pour Dingboche. Nous faisons une montée régulière avec quelques passages un peu raides. Vues superbes sur le Kangtenga, le Thamersku et l’Ama Dablam, la « dame blanche », « Mère des Sherpas ». Bien que l’Ama Dablam ne fasse « que » 6814 m, cette pyramide de roc et de glace qui ressemble un peu à notre Cervin, fait partie des plus belles montagnes de la planète. D’ailleurs, même si l’Everest s’élève 2000 m au-dessus, ce dernier n’a pas une apparence très spectaculaire. L’ascension de l’Ama Dablam exige une connaissance complète en alpinisme, car il offre des obstacles très diversifiés et est réservé à des alpinistes confirmés. Il y a de la moraine, de la chute de glace, des ressauts, du mixte…
En détour d’un chemin, à 9h15, j’aperçois enfin l’Everest ! En fait seul son sommet est visible, car le reste est caché derrière le Nuptse. Quelques bancs de nuage passent devant l’Everest, j’attends 1-2 minutes pour que la vue soit dégagée et je prends ma première photo du colosse. Nous sommes encore loin de notre destination, mais j’ai le sentiment de faire partie des privilégiés qui ont pu faire l’expérience de ce lieu mythique et grandiose. L’euphorie me submerge et j’envoie immédiatement un SMS à Carmen pour lui annoncer la nouvelle. Ce sera mon derrière contact avec elle avant plusieurs jours.
Nous nous arrêtons à Pangboche (3939 m), au pied de l’Ama Dablam, où nous visitons un monastère. A l’intérieur un moine est en train de faire des prières, je m’approche et il me bénit en m’offrant une cordelette qu’il attache autour de mon cou. Je découvre également un caisson renfermant un crâne et une main de Yeti. En fait la main est une réplique de celle qui avait été volé en 1959 par Peter Byrne, un membre de l’expédition Tom Slick pour la recherche du Yeti dans l’Himalaya. On peut admirer les attributs du fameux Yeti derrière une vitre du caisson.
Nous dînons à Pangboche et nous continuons notre route pour prendre de la hauteur. Nous arrivons enfin à l’intersection entre la vallée de Chhukhung et celle de Pheriche. Nous nous engageons dans la vallée de Chhukhung en traversons un pont qui enjambe la rivière Imja Khola. Ensuite nous montons une pente raide jusqu’au village de Dingboche (4410 m) où nous passerons la nuit dans un lodge.
A cette altitude nous sommes au niveau du Cervin et je me sens en pleine forme ! D’ailleurs j’en profite pour prendre une douche au lodge. Elle consiste simplement en un petit cagibi en tôle dans la cour du lodge. Le gérant du lieu verse simplement de l’eau bouillante dans un réservoir situé au-dessus de la cabine. Non seulement il s’agit de la douche la plus haute que j’ai jamais prise, mais également de la plus chaude !

Ama Dablam
Première vision de l'Everest
Ama Dablam
Yak
Crâne et main de Yeti
Monastère de Pangboche
Chemin vers Dingboche
Lothse
Ama Dablam

Vendredi 6 avril (Dingboche – Chhukhung)

Réveil dans un lodge recouvert de neige. En tirant les rideaux je m’aperçois que des précipitations ont eu lieu durant la nuit. La veille le village se trouvait dans une zone semi-désertique et aujourd’hui il est recouvert d’un joli manteau neigeux.
Nous profitons de cette journée pour nous acclimater une dernière fois avant notre ascension à 5000m du lendemain. Nous montons dans la vallée de Chhukhung pendant environ 2 heures. Très vite le soleil perce les nuages, je me retrouve dans une véritable fournaise, car les rayons se réverbèrent sur la neige. Je ne pensais pas que c’était possible d’avoir aussi chaud à plus de 4600 m ! Nous arrivons à une cahute de pierre où une tasse de Tang chaud nous attend sur la terrasse. Le ciel s’est de nouveau couvert et malheureusement nous arrivons trop tard pour voir la face sud du Lhotse (8516m, 4ème sommet de la planète) et la face nord du Baruntse (7129m). Etant donné que le temps ne semble pas s’améliorer, nous décidons de rentrer à Dingboche.
Au village le temps s’éclaircit et nous pouvons enfin admirer la face sud du Lhotse et la face nord de l’Ama Dablam.
Nous passons une nouvelle nuit à Dingboche.

Samedi 7 avril (Dingboche – Lobuche)

Nous partons pour une marche de 4 heures jusqu’à Lobuche (4930m). Nous longeons d’abord le haut de la vallée du Khumbu jusqu’à Thukla (4620m). Deux chiens de Dingboche nous escortent sur le chemin. Au fur et à mesure le ciel se dégage et nous pouvons admirer le panorama au petit hameau de Dusa (4503 m). Nous pouvons ainsi observer le Tabuche Peak (6495 m), suivit du Cholatse (6335 m) et de l’Arakam Tse (6423m) qui se dressent devant nous sur l’autre versent de la vallée.
Sur la terrasse de Thukla nous buvons un Tang chaud pour reprendre un peu de force. Ensuite nous montons une pente très raide qui mène au col de Thokla, au pied du glacier du Khumbu à 4838m. Nous sommes au niveau du Mont Blanc et je suis toujours en forme ! A cet endroit il y a de nombreux monuments en forme de stupa pour les victimes de l’Himalaya. Depuis ce belvédère nous avons une vue splendide sur la vallée en contre-bas ainsi que sur le majestueux Ama Dablam, le Thamserku et les autres sommets de la région.
Ensuite nous continuons le long de la moraine du glacier du Khumbu jusqu’à Lobuche. En chemin nous apercevons le camp de base du Awi Peak. Des genièvres couvrent le sol partout et leur parfum subtil empli mes narines. J’en profite pour en saisir quelques brins et les ramener en Suisse afin de faire découvrir les senteurs du Népal à mon entourage. Malgré l’aridité du lieu et la haute altitude je croise même des papillons ! Assurément ce pays de mystère révèle de nombreux secrets.
Nous passons le reste de l’après-midi à nous reposer dans le lodge de Lobuche en prévision de la « grosse journée » du lendemain.

Tabuche Peak
Ama Dablam
Col de Thukla
Lobuche
 
 

Dimanche 8 avril (Lobuche – Gorak Shep – Kala Pattar)

En règle général la nuit précédent une ascension n’est pas très bonne. Malgré mon confortable sac de couchage, ma nuit fût passablement agitée, ce qui confirme la règle. L’appréhension par rapport au défi que je m’apprêtais à relever en était sûrement la raison principale.
Nous nous réveillons à 3 heures du matin et nous nous préparons dans l’obscurité du lodge pour un départ à 3h30. A l’extérieur du lodge il fait -15°C, mais le ciel est totalement absent de nuage, il n’y a pas de vent et c’est la pleine lune. Les conditions sont donc idéales pour débuter notre ascension jusqu’à 5600m. Je m’attendais à devoir affronter des conditions beaucoup plus difficiles, car le guide nous avait prévenus du froid nocturne et du vent qu’il règne à cette altitude. Je me suis donc emmitouflé dans plusieurs couches d’habits chauds et je n’ai pas du tout souffert du froid. D’ailleurs j’ai bien fait d’insérer des chaufferettes dans mes gants, car la plupart du groupe ont eu froid aux mains.
Je pars donc confiant avec ces conditions climatiques exceptionnelles. Je me sens toujours en pleine forme, malgré le fait que je doive respirer très profondément à cause du manque d’oxygène. J’ai l’impression de devoir continuellement faire de l’hyperventilation pour pouvoir avancer. Nous commençons d’abord par longer la moraine du glacier Khumbu sur un sentier facile. Très vite ma lampe frontale capitule (peut-être à cause du froid), cependant ce n’est pas un problème car la luminosité de la lune nous permet de voire très facilement dans la nuit. Nous pouvons voire le Nuptse s’ériger de l’autre côté du glacier. Sachant que l’Everest se trouve juste derrière cette montagne, ma motivation n’en est que plus accrue.
Au bout d’environ une heure de marche, nous faisons une petite pause afin d’attendre le reste du groupe qui avance plus lentement. A ce moment je m’aperçois que la station spatiale internationale est en train de traverser le ciel juste devant nous ! Cette dernière parcourt la voûte céleste d’Ouest en Est à partir du Pumori et termine sa course derrière le Nuptse. Cet instant dans ce cadre irréel est magique. Nous poursuivons ensuite notre route au milieu des éboulis morainiques du Khangri Glacier où la progression est plus pénible. Vers 6h du matin le jour commence à se lever et nous apercevons l’épaule Ouest de l’Everest qui apparaît derrière le Nuptse. Finalement nous arrivons à Gorak Shep (5160 m) après environ 2h30 de marche. L’eau de mes gourdes a partiellement gelé et je suis heureux de pouvoir boire un thé chaud dans le lodge de Gorak Shep. Je mange des pains toast avec de la confiture et j’en profite pour essayer de faire fondre l’eau de mes gourdes près du poêle.
Vers 6h45 je décide de commencer l’ascension du Kala Pattar. Gorak Shep se trouve à côté du glacier Khumbu sur une zone plate sablonneuse. En sortant du lodge et en traversant cette zone jusqu’au pied du Kala Pattar je m’aperçois qu’un groupe de personnes est rassemblé autour d’une personne couchée par terre. En m’approchant je réalise que cette personne est en mauvaise condition. Il s’agit d’un homme de type asiatique couché sur le dos. Une couverture épaisse recouvre son corps et seul son visage dépasse. Ses amis nous disent que son cœur a cessé de battre il y a 40 minutes ! Ils ont essayé de le réanimer en vain durant 15 minutes. Jean-Claude, un médecin à la retraite de notre groupe, s’approche pour vérifier son pouls. Sa réaction était sans équivoque en voyant sa déception. Je m’approche un peu plus et là la vision me glace le sang. Le visage de la victime était bleu et sa bouche était ouverte, sa mort était évidente. C’est la première fois que je vois une personne décédée, surtout qu’il vient de mourir. La fraction de seconde où j’ai vu son visage suffit à me fit me sentir très mal. Mon camarade Christophe était à mes côté et je lui ai dit immédiatement : « Christophe, on y va sinon c’est moi qui va faire un malaise!!». On a donc rapidement quitté les lieus et entamer notre ascension.
Plus tard, j’appris que la victime avait passé la nuit à Gorak Shep. Il avait parcouru ensuite une cinquantaine de mètres avec son groupe en montant le Kala Pattar avant de faire un malaise. Il perdit rapidement connaissance et ne se réveilla plus malgré le massage cardiaque prodigué par ses amis. Ils le redescendirent à l’endroit où je l’ai trouvé. Selon Jean-Claude, il s’agissait vraisemblablement d’une crise cardiaque.

En prenant la photo ci-dessous, j'étais loin de m'imaginer que je photographiais la scène dans laquelle une personne mourait. Est-ce que vous avez trouvé l'endroit où la personne est en train de faire un malaise ? (indice: il se trouve 50m au-dessus de la mer de sable)

Gorak Shep

J’avais du mal à me défaire de la vision de ce visage froid et bleuté. J’ai donc puisé dans mes ressources pour tenter de rejoindre le sommet tant convoité. Nous montons un sentier en lacet sur un sol rocailleux, mais sans neige. A partir de 5300 m, je commence à ressentir les premiers symptômes du mal des montagnes. En plus de la difficulté à respirer (il n’y a plus que 50% d’oxygène à cette altitude), j’ai un début de mal de tête et des vertiges. Cette impression d’ivresse était très étrange. C’est comme si j’avais trop bu trop en ayant la tête qui tourne, mais sans avoir consommé d’alcool. Je trouve que c’était le symptôme le plus désagréable lors de la montée, car j’avais l’impression que j’allais perdre connaissance à tout moment et finir comme la victime que je venais de voire. Heureusement je peux enfin voire l’Everest dans son intégralité et ça me donne du courage pour continuer.
Après 45 minutes de montée, vers 7h30, j’aperçois les rayons du soleil pointés derrière l’Everest. C’est le lever de soleil le plus insolite que j’ai jamais vu. Plus je progresse et plus les symptômes du mal des montagnes augmentent. Vers 8h40, j’arrive enfin au sommet à 5550m. Dans le prolongement d’un contrefort du Pumori, le Kala Pattar est le plus beau belvédère du massif : vue fantastique sur l’Everest (8850m) et l’Ice Fall, le Pumori (7161m) et le Nuptse (7861m). Il ne reste plus qu’à faire une cinquantaine de mètres pour gravir le cairn et arriver à 5600m. Cependant je commence à me sentir très faible et j’ai de plus en plus de mal à mettre les pieds l’un devant l’autre. Il me faut plusieurs minutes pour reprendre mon souffle. J’avance pas à pas et je dois inspirer à plein poumon à chaque fois tant l’air est ténu. De plus je dois faire des efforts pour me concentrer à cause des vertiges. Sonia m’accompagne et elle réussit à me pousser moralement pour joindre le cairn. Donc je la suis lentement en suivant ses pas et finalement je parviens au but vers 9h00 ! Je ne pense pas que j’aurais peu faire cent mètres de plus. A 5600 m je découvre une vue spectaculaire sur l’Everest, le Ice Fall, le camp de base et le glacier du Khumbu. Ma satisfaction est énorme et l’euphorie qui m’envahit me fait oublier les difficultés de l’ascension. De plus le temps est magnifique et il n’y a pas de vent. Après une demi-heure d’observation, nous redescendons à Gorak Shep. La descente est beaucoup plus facile que la montée, il ne me faut que 45 minutes pour arriver à Gorak Shep.

Lever de soleil sur l'Everest
Vue sur l'Everest depuis Kala Patthar (5550 m)
Kala Patthar (Kern)
Everest
Sommet de l'Everest
Camp de base de l'Everest
Kala Patthar (5600m)
Glacier du Khumbu avec Ama Dablam derrière
Vue panoramique depuis Kala Patthar
 
 

Vue panoramique depuis le Kala Patthar

Nous attendons le reste du groupe dans le lodge de Gorak Shep. La salle est pleine de touristes parmi lesquels des alpinistes pour l’Everest. Maurice discute avec une jeune québécoise, nommée Monique Richard, qu’il a rencontré à Namche Bazar. Après un an hors du marché du travail, elle a pris une année sabbatique pour faire les « Sept Sommets ». Ce sont les montagnes les plus élevées de chacun des sept continents. Atteindre les sept sommets est considéré comme un défi de l’alpinisme: c’est à l'origine une idée de Richard Bass datant des années 1980. Il propose une liste comportant l'Everest en Asie, l'Aconcagua en Amérique du Sud, le mont McKinley en Amérique du Nord, le Kilimandjaro en Afrique, l'Elbrouz en Europe, le massif Vinson en Antarctique et le mont Kosciuszko en Australie. Ce dernier est remplacé par le Puncak Jaya pour l'Océanie dans une nouvelle liste proposée par Reinhold Messner. Cette trentenaire avait déjà escaladé le Kilimandjaro, l’Elbrouz, l’Aconcagua, la pyramide Carstensz, et les monts McKinley et Vinson. Il ne lui manquait donc plus que l’Everest. En automne elle avait déjà tenté de monter à son sommet, cependant elle avait dû abandonner à cause de la quantité excessive de neige. C’est donc sa deuxième tentative de conquérir le colosse. Pour partir autant de fois en si peu de temps, Monique Richard a bénéficié de congés sans solde auprès de son employeur et a financé elle-même ses voyages. Cependant l’aventure est devenue vite coûteuse et donc elle a dû trouver des sponsors. Par exemple escalader l’Everest représente en effet une enveloppe de 40’000 $. On apprendra par la suite que Monique parvint au sommet de l’Everest le 19 mai au matin. Cependant elle a été devancée de quelques mois par Véronique Denys de Québec. C’est donc maintenant la deuxième femme Québécoise à avoir gravi les plus hauts sommets des sept continents. Il lui aura fallu deux ans et demi pour entrer dans l’histoire, un record canadien pour une femme. Sa sœur et sa meilleure amie sont atteintes de fibromyalgie et Monique a déployé le drapeau de cette maladie au sommet de l’Everest pour elles.

Voici le chemin de retour pour Lukla en simulateur de vol (même chemin que celui emprunté par Monique Richard)

Maurice et Isabelle sont encore suffisamment en forme pour faire une escapade au camp de base. Initialement j’avais prévu de les accompagner, malheureusement ma tête tourne toujours et le guide me déconseille d’y aller. Le camp de base se trouve à environ 2 heures de marche (5km) de Gorak Shep. Le chemin longe le glacier puis, par une descente raide, prend pied dessus. C’est en marchant sur cette immense « mer de glace » que l’on peut rejoindre le camp de base (5355m). Ce dernier abrite environ cinquante expéditions comprenant chacune une vingtaine de tentes ! En fait il n’y a pas grand-chose à voir au camp de base. On ne voit que des tentes posées sur le glacier et l’Everest n’est même pas visible. On aperçoit juste le Ice Fall et le Nuptse.
Au lodge de Gorak Shep je reprends des forces grâce à une bonne soupe à l’ail. Ce condiment est connu pour ses vertus contre le mal des montagnes. Apparemment le breuvage fait effet et les vertiges diminuent. Ensuite nous prenons un repas chaud avant d’entamer notre descente pour Lobuche. Cette fois au lieu de longer le glacier comme à l’aller, nous poursuivons le chemin sur les flancs du Lobuche West à partir du col du même nom (5110m). Vers 14h10 nous arrivons ensuite à la Pyramide, un centre de recherche scientifique Italien. Ce laboratoire de très haute altitude (5050m) fût opérationnel en septembre 1990. Les scientifiques y étudient l’environnement, le climat, la physiologie humaine, la génétique et la géologie. D’ailleurs ils ont installé la plus haute webcam du monde au sommet du Kala Patthar ainsi que la plus haute station météo du monde au col Sud de l’Everest (8000m) où les vents peuvent atteindre 300 km/h et la température chuter à -70°C. C’est une structure pyramidale en aluminium de trois étages couverte de vitres et de panneaux solaires. L’architecture a été étudiée pour optimiser la consommation énergétique de l’édifice. Le directeur nous accueille et nous fait la visite des lieus. Il nous explique que l’Himalaya continue à s’élever. Depuis le début des mesures il y a vingt ans, le massif s’est élevé de 4 cm et s’est déplacé latéralement de 20 cm !
La pyramide n’est pas très éloignée de Lobuche et en vingt minutes nous arrivons au bercail. Vers 16h00 Maurice et Isabelle nous rejoignent à Lobuche depuis le camp de base. Ils auront fait au total plus de 9 heures de marche à plus de 5000 m d’altitude, quelle performance !

Pyramide
Pyramide

Lundi 9 avril ( Lobuche - Pangboche)

Les images de la veille pleines la tête nous entamons notre retour à la civilisation. Après une nuit à Lobuche nous redescendons à Pangboche. Nous passons de nouveau par le col de Thokla où nous prenons une photo de groupe. Ensuite, au lieu de longer le haut de la vallée du Khumbu, nous descendons directement par son centre où nous débouchons dans le village de Pheriche (4371 m). C’est un arrêt populaire pour les randonneurs et alpinistes. C’est également le siège de l’Association Himalayenne de Sauvetage, laquelle s’occupe d’un hôpital construit en 1975 par les Japonais. Nous attendons le reste du groupe avant de repartir de plus belle.
Nous nous engageons dans la vallée qui se trouve au pied de l’Ama Dablam et crapahutons le long de son versent ouest au-dessus de la rivière Imja Drangka. La route semble sans fin, mais nous arrivons finalement vers 13h00 au village de Pangboche (3930 m) où nous prenons possession de nos chambres et où un repas nous attend. Le lodge est plutôt confortable par rapport à Lobuche et j’en profite pour prendre une bonne douche chaude. Nous passons le reste de la journée au village.

Col de Thokla
Col de Thokla
Pangboche

Mardi 10 avril (Pangboche – Tengboche – Kenjoma)

Au réveille à Pangboche nous nous apercevons qu’il est en train de neiger. Notre enthousiasme pour le départ s’atténue donc et nous attendons la fin des précipitations. Heureusement la chute de neige s’arrête assez rapidement et nous pouvons enfin partir. Nous traversons d’abord un pont suspendu au-dessus de l’Imja Drangka avant de remonter vers Tengboche (3860 m). Le brouillard nous enveloppe sur le chemin pour Tengboche. En route nous nous arrêtons à Deboche (3820 m) pour visiter un monastère de nones. Malheureusement ces dernières sont absentes et nous inspectons leur cuisine rudimentaire ainsi que leur lieu de prière. Le petit couvent fut construit en 1928 et il n’est plus en très bonne état.
Vers 10h00 nous arrivons à Tengboche (3860 m) où se trouve son très célèbre monastère, construit au pied des impressionnants Thamserku (6618 m) et Kang Tega (6685 m). Avant la visite du monastère nous faisons une pause dans un Tea-Room ! C’est probablement le plus haut Tea-Room du monde. Nous y trouvons un grand assortiment de pâtisseries, tel que gâteaux au chocolat ou strudels aux pommes. Ce lieu est totalement anachronique, je crois rêver. Nous y buvons un café bien chaud et de délicieuses pâtisseries. Je suppose que ce tea-room fût construit pour satisfaire les milliers de touristes qui séjournent chaque année au village.
Nous visitons ensuite le magnifique monastère de Tengboche. Ce dernier fût construit en 1923. En 1934 il fût détruit par un tremblement de terre, mais fût reconstruit après. Il fût détruit de nouveau en 1989 dans un incendie et reconstruit avec l’aide de volontaires et de fonds étrangers. C’est donc le temple le plus récent de la région. Dans un rocher à l’entrée du temple se trouve une emprunte de pieds soi-disant laissée par Lama Sangwa Dorje quand il médita à cette endroit au 16ème siècle. A l’époque il avait prédit qu’un monastère y serait construit. L’intérieur du monastère est magnifique, les murs sont entièrement couverts de peintures illustrant la vie en enfer en-bas et la vie au paradis en-haut.
C’est par une descente un peu raide que nous rejoignons la Dudh Khosi à Phunki (3250 m). Dans le village se cache une caserne militaire. L’édifice n’est pas très visible, car il se cache derrière des arbres. Nous voyons seulement des soldats faire la garde. Nous dînons dans un restaurant du village de Phunki avant de remonter jusqu’à Kenjoma (3550 m). En route nous avons la chance d’apercevoir un aigle et des barrals, une sorte de bouquetin népalais. En passant à côté d’un yak, ce dernier manque de m’empaler sur une de ses cornes ! Malgré l’apparente placidité de ces animaux, à l’avenir je ferai attention la prochaine fois que j’en croiserai.
Vers 15h00 nous arrivons à Kenjoma. Juste à côté du lodge nous apercevons un faisan doré qui arpente un petit champ. A chaque fois que je m’approche pour le prendre une photo, il s’enfuit dans les fourrés. Heureusement il revient systématiquement et je finis par prendre des clichés acceptables. Mes camarades s’amusent de me voire caché en embuscade derrière des murets afin de surprendre l’animal.

Monastère de Tengboche
Monastère de Tengboche
Barrals
Faisan doré
Chemin vers Monjo

Mercredi 11 avril (Kenjoma – Namche Bazar – Monjo)

Nous quittons Kenjoma pour rejoindre Namche Bazar. Vers 10h00 nous arrivons à Namche Bazar où nous rejoignons le lodge dans lequel nous avons séjourné une semaine plutôt. Nous en profitons pour faire une nouvelle fois du shopping pendant une bonne heure. Nous dînons au lodge de Namche Bazar avant de poursuivre notre route de retour. Nous redescendons la pente raide qui nous avait fait souffrir en début de trek avant de traverser le pont suspendu en sens inverse. Finalement nous arrivons à Monjo (2840 m) où nous passons la nuit.

Jeudi 12 avril (Monjo – Lukla)

Voici la dernière ligne droite du trek. Nous partons de Monjo pour rejoindre Lukla. En chemin nous traversons une nouvelle fois Phakding où nous avons passé notre première nuit dans l’Himalaya.
Nous arrivons à Lukla sous une pluie fine et nous nous dépêchons de rejoindre notre lodge. Etant donné que ça fait deux semaines que je ne me suis pas rasé, j’en profite pour passer chez le barbier. C’est la première fois que je me fais couper la barbe chez un professionnel, qui plus est à plus de 2800 mètres d’altitude ! Durant la séance de rasage un orage de grêle déferle sur Lukla.
Le 12 avril est la date du Nouvel-An Népalais, on passe de l’an 2068 en l’an 2069 ! Au Népal ce jour n’a pas d’importance particulière, cependant nous voulons quand même marquer le coup. Un bar se trouve juste au-dessous de notre hôtel et nous profitons du Happy Hour qui dure jusqu’à 18h00 pour boire quatre cocktails. Cependant j’avais oublié notre altitude et l’alcool me monte très vite au cerveau. En effet j’arrive éméché au souper à 18h30 et nous passons un très bon moment en compagnie des porteurs. A cette occasion ils partagent notre repas car c’est la dernière fois que nous les voyons. En fait ils ont entre 16 et 20 ans et sont tous écoliers. Leurs familles n’ont pas beaucoup de moyen et les adolescents travaillent comme porteur durant les vacances scolaires. Nous leur offrons des pourboires bien mérités.

Vendredi 13 avril (Lukla – Katmandu)

Le matin nous nous rendons à l’aéroport de Lukla afin de rentrer à Katmandou. Nous ne le savons pas encore, mais l’avion que nous prenons s’écrasera un mois plus tard dans la montagne, le 14 mai ! Visiblement le vendredi 13 était mon jour de chance. Sur les 21 personnes à bord, seul 6 survivront. La clientèle était principalement composée d’Indiens se rendant en pèlerinage à Muktinath. L’avion avait quitté Pokhara pour se rendre à Jomsom, l’autre aéroport d’altitude (avec Lukla). Probablement suite à un problème technique, l’avion s’est écrasé à quelques centaines de mètres de la piste d’atterrissage. L’avion était un Dornier DO228, immatriculé 9N-AIG de la compagnie AGNI AIR. Les pilotes sont décédés dans l’accident, par contre l’hôtesse de l’air fait partie des survivants.

Aéroport de Lukla
Hôtesse de l'air
Pilotes

Nous atterrissons à Katmandou sans encombre et nous retournons à l’hôtel Hyatt. L’après-midi est libre et j’en profite pour faire du shopping à Thamel, le quartier commerçant de Katmandou. Nous visitons également Basantapur, une place près de Thamel où se trouvent plusieurs temples. C’est également là-bas que se trouve la Koumari, la déesse vivante. Il y a de nombreux magasins de Tanka et j’en achète un pour ma sœur. On retourne à Thamel où je profite d’un massage ayurvédique dans un salon réputé. Le soir tout le groupe se rejoint dans un restaurant de Thamel pour notre dernier souper avec notre guide.

Thamel
Basantapur
Thamel

Samedi 14 avril (Katmandu)

Le matin je me rends à Pashupatinath pour voire les crémations. Ce lieu abrite plusieurs temples Indous ainsi que des cavités de méditation bouddhiques dans les falaises qui bordent une rivière sacrée. Les crémations sont ouverts au publique et on peut observer les cérémonies tous les jours.
Un jeune homme me guide à travers les différents édifices en m’expliquant la signification des temples et le déroulement des crémations. Il me fait visiter également un home pour personnes âgées qui se trouve à une cinquantaine de mètres à côté des sites de crémation. En fait ces personnes vivent dans un temple au beau milieu de Pashupatinath.
Ensuite je rejoints une terrasse à l’aplomb de la rivière. En contre-bas on y trouve de petites plateformes sur lesquels les familles brûlent les corps de leurs défunts. J’assiste au déroulement de la cérémonie avec beaucoup d’émotion. On entend les membres de la famille du défunt sangloter. Je ne suis qu’à quelques mètres du cadavre et je distingue facilement les traits de son visage. Le corps est allongé sur un bûché, puis on le recouvre de bûches. Le maître de cérémonie trempe de la paille dans la rivière sacrée avant de la disposer au-dessus du bûcher. Ensuite le fils du défunt boute le feu au bûcher. La cérémonie est très impressionnante et on peut voir les différentes étapes de crémation en parallèle, car plusieurs plateformes sont alignées le long de la rivière. Juste à côté un corps est en train de finir de se consumer. On peut voir le tronc et la tête du cadavre au milieu du brasier. Un employé du temple s’occupe de l’entretient du feu et brise les os du crâne avec une perche en bois afin qu’il ne reste plus que des cendres. Une fois que le corps s’est entièrement consumé, l’employé pousse les cendres dans la rivière sacrée. Etant donné que la rivière n’est pas très profonde, des enfants sondent son fond en fouillant dans la vase à main nue afin de découvrir quelque trésor. Souvent les familles jettent des pièces d’argent dans la rivière et les plus malins utilisent des aimants afin de récupérer la monnaie convoitée.

Bodnath

Ensuite je retourne à l’hôtel en taxi où je retrouve mes camarades au bord de la piscine. Je me rends une dernière fois à Bodnat, car ce lieu sacré n’est pas très éloigné. Après avoir fait le tour du stupa, je dîne sur une terrasse avec une vue panoramique sur la place et le stupa.

En sortant du lieu sacré je me fais aborder par un jeune homme qui veut réparer mes chaussures. Après plusieurs tentatives j’accepte sa proposition. Je m’aperçois qu’il a des problèmes de bégaiement et j’éprouve de la sympathie pour lui. Il me rafistole mes chaussures en un tour de main et me propose de venir visiter sa maison et sa famille. Je suis loin de m’imaginer ce que je vais découvrir non loin de ce site si touristique. En fait il a 18 ans, il s’appelle Becky et il vit dans un bidonville. Sa maison consiste en une structure de bambou recouverte de bâches en plastique. Je fais connaissance de ses parents et frères et sœurs. Ils me font la visite du bidonville où je photographie les enfants en train de jouer près du seul robinet du camp. Ensuite mes hôtes m’offrent gentiment le thé. Etant donné que Becky ne parle pas très bien l’Anglais, je converse surtout avec son cousin qui joue le rôle d’ambassadeur de la famille. Ce dernier m’apprend qu’il est étudiant dans une école de Tanka. Comme je comprends, le père est indien et la mère népalaise. La famille vient de Jaipur et le père est malade. D’ailleurs ils me montrent l’ordonnance du médecin qui prescrit une longue liste de médicaments. Becky n’a pas eu la chance d’aller à l’école et il a besoin d’acheter une boîte pour cirer les chaussures. En fait il doit louer la boîte qu’il a utilisée pour réparer mes chaussures et donc il est dépendant du bon vouloir des loueurs de boîtes. Je lui donne donc un peu d’argent pour qu’il puisse acheter sa boîte.

De retour à l’hôtel le guide du voyage m’apprend qu’il s’agissait probablement de nomades. En fin de journée nous partons pour l’aéroport de Katmandu. Etant donné que je suis le dernier du groupe à partir, je dois attendre deux heures supplémentaires à l’aéroport avant de pouvoir enfin décoller à 23h30.

Dimanche 15 avril

A 1h45 du matin j’atterris à Doha où je suis en transit pour Genève. J’attends près de 7 heures au Gate, car l’avion est sensé décoller seulement à 8h55. Cependant au moment d’embarquer on m’informe qu’il y a eu du surbooking et que je dois attendre le vol du lendemain ! Apparemment Qatar Airways avait changé d’avion et sa taille était insuffisante pour le nombre de passagers initialement inscrits.
On m’amène donc dans un hôtel à Doha. Cet hôtel 4 étoiles à l’air conformable, cependant la seule fenêtre de ma chambre donne sur le conduit d’aération ! Evidemment le dimanche tout est fermé et je dois prendre mon mal en patience. Dans l’après-midi je pars visiter la ville, malheureusement il n’y a pas grand-chose à voir. Je vais à pied vers le port et je passe à côté du musée de la marine. Les boulevards de cette ville sont déprimants, en fait il n’y a que des voitures et les piétons sont pratiquement inexistants.

Lundi 16 avril

Le matin je peux enfin quitter cette ville qui n’est pas très intéressante. Je prends le vol de 8h55 que j’aurais dû prendre la veille. J’atterris finalement sans encombre à 14h35 à Genève.