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partie centrale qui "pousse"

2013: Sicile (Des Iles Eoliennes aux terres volcaniques de l'Etna)

Samedi 4 mai

Vol Genève-Catane en passant en transit par Rome.

Au gate à l’aéroport de Genève j’aperçois une silhouette familière montrant les avions décoller à sa fillette. Il s’agit de Darius Rochebin, notre présentateur du téléjournal vedette ! Il est accompagné également de sa femme. Visiblement ils attendent le même avion que moi pour le départ sur Rome. Une fois l’enfant satisfaite, Darius retourne derrière une cloison où se trouve une chaise. Il est occupé à parler au téléphone, mais je pense qu’il souhaite surtout rester discret, car il ne sortira de son abri que pour embarquer avec sa famille. Dans l’avion il ne se trouve qu’a deux rangées derrière moi et personne ne prête attention à lui. Je le perdrai de vue en sortant de l’avion à Rome.

J’arrive tard le soir à l’aéroport de Catane (23h30) et le groupe de Terre d’Aventure m’accueille à l’arrivée. Finalement nous rejoignons notre hôtel au centre de Catane pour passer une courte nuit.

Dimanche 5 mai

Le matin nous prenons le bateau à Milazzo pour nous rendre sur l’île de Vulcano. Nous rejoignons notre hôtel en passant par la fameuse mare de boue sulfureuse qui se trouve au bord de la mer au pied du volcan.

La dernière éruption du Vulcano s’est produite en 1886 et dura trois ans. Elle fût très violente, aucune coulée de lave ne fût émise, mais des explosions très importantes expulsèrent des blocs de lave de plusieurs m3 à des centaines de mètres de hauteur. Cette éruption fût prise comme modèle pour définir le dynamisme éruptif vulcanien : la pression importante des gaz magmatiques est accentuée par l’eau qui, imbibant le volcan, est vaporisée par le magma. Depuis la dernière éruption au XIXème siècle, le volcan demeure en activité et fait l’objet d’une surveillance constante.

Après une après-midi de détente nous débutons l’ascension du volcan à 17h30. Sur les lèvres du cratère à 391 m, spectacle impressionnant de force et de gigantisme (fumerolles soufrées très abondantes). En redescendant nous nous arrêtons dans un restaurant pour souper.

Lundi 6 mai

Le matin nous partons pour l’île de Salina en hydroglisseur. Formée par six anciens volcans, Salina possède les reliefs les plus élevés de l’archipel des îles Eoliennes. Salina en est également la plus fertile et la plus luxuriante: on y cultive de précieux raisins à partir desquels on produit la « Malvasia delle Lipari », un vin très doux, ainsi que des câpres exportés dans le monde entier.

Nous escaladons le mont « Fossa della Felci » qui culmine à 961 m d’altitude et dont le cratère éteint est formé de roches andésitiques. Ce sera la montée la plus pénible du voyage, car le sentier est très abrupte et monte sans interruption jusqu’au sommet. En traversant la forêt dense il fallait faire attention aux nombreuses chenilles processionnaires très urticantes. Malheureusement le sommet était très embrumé ce qui nous a empêché d’observer le cratère et la vue sur l’ensemble de l’archipel.

En descendant du volcan par le versant opposé, nous apercevons le mont « Monte dei Porri » qui culmine à 860 m. Ce volcan a conservé la forme typique en cône des stratovolcans.

Après une journée de  marche de 6 heures, nous retournons à Vulcano en hydroglisseur.

Mardi 7 mai

Le matin nous partons pour l’île de Stromboli en hydroglisseur. Avant d’accoster nous passons devant une sorte de toboggan naturel, la Sciarra del fuoco (allée du feu) où nous apercevons un grand panache de fumée à son sommet. Visiblement le Stromboli est en bonne forme. Le Stromboli est le plus actif de tous les volcans européens. Ses éruptions se produisent plusieurs fois par heure. Le cône actuel du volcan s’est formé il y a 15'000 ans et est en éruption constante depuis au minimum 2'500 ans. Il prend naissance à 2'000 m sous la mer, la partie émergée culminant à 924 m. L'activité typique du Stromboli est de type explosif et est caractérisée par l'émission de fontaines de lapilli et de cendres projetées à quelques dizaines de mètres de hauteur, mais aussi de bombes volcaniques. Ce type d'activité éruptive, justement appelée « strombolienne », est connue depuis l'antiquité pour ses fréquentes éruptions. Occasionnellement, le volcan peut donner lieu à des éruptions paroxystiques qui peuvent émettre sans discontinuer des colonnes soutenues de lapilli à plusieurs kilomètres de hauteur. Son activité ordinaire a lieu aux environs des 750 m d'altitude, des trois cratères alignés dans le sens nord-est - sud-ouest à l'intérieur de la dépression de la Sciara del Fuoco.

Nous passons la journée à nous détendre au village de Stromboli. Le volcan qui nous surplombe est constamment en activité et nous pouvons entendre les explosions qui rythment la journée des habitants. Les fenêtres des maisons vibrent régulièrement sous les ondes de chocs et j’ai hâte de joindre le sommet !

A 17h00 nous entamons l’ascension du volcan avec un guide. Après trois heures de marche nous atteignons le sommet. Malheureusement la visibilité est nulle à cause d’un brouillard très dense. Cependant nous entendons aisément les très fortes déflagrations qui se produisent juste à côté de nous. C’est d’autant plus angoissant que nous ne voyons pas les explosions. A un moment donné une pluie de cendre s’abat sur nous alors que nous sommes en train de manger notre pique-nique. Heureusement nos casques nous protègent, il faut juste s’accommoder des cendres qui rendent nos sandwichs un peu plus croustillants. La nuit tombe rapidement et nous prenons le chemin du retour. Les lampes frontales s’imposent ainsi que le masque pour se protéger des gaz toxiques. En effet nous longeons la crête jusqu’au point culminant du cratère et c’est une zone exposée au gaz. Finalement nous empruntons une voie qui débouche sur une longue pente raide couverte de cendre. L’obscurité et le brouillard ne facilite pas les choses, mais la descente à pied dans la cendre donne une sensation géniale. Rapidement nous sortons sous le nuage qui recouvrait le sommet et nous pouvons admirer la descente aux flambeaux des groupes qui nous précédaient étant donné que chacun porte une lampe frontale. De retour au village nous voyons le sommet du volcan nappé d’une lueur orangée indiquant une activité volcanique soutenue. La Sciara del Fuoco est également nimbée de cette lueur qui désigne les coulées de lave se dirigeant dans la mer.

Mercredi 8 mai

Le matin est libre sur l’île de Stromboli, car le départ n’est prévu que vers midi. Ne voulant pas rester sur ma faim après le spectacle décevant de la veille, je décide de partir seul au bord de la Sciara del Fuoco où se trouve un restaurant observatoire afin d’apercevoir enfin ces fameuses explosions. De cet endroit on arrive à voire les déflagrations, cependant le cratère sommital n’est pas vraiment visible. Je décide donc de poursuivre le sentier jusqu’à ce que je trouve un accès qui mène au bord de la Sciara del Fuoco. Cet étroit chemin de terre qui traverse les fourrés me conduit enfin à une zone d’observation appropriée. En fait je me trouve juste à côté d’une petite station de mesure entourée de barbelés électrifiés et surveillée par une caméra panoramique. A peine arrivé, alors que j’installais la caméra, une grosse déflagration retentit ! En relevant les yeux je peux admirer les bombes qui sont projetées en l’air sur une centaine de mètres au milieu d’un panache de fumée. Le temps m’est compté, car je ne dois absolument pas rater le départ du bateau et donc je me dépêche d’installer le matériel. Le volcan poursuit son activité, cependant les explosions se produisent uniquement dans des cratères non visibles. Heureusement cinq minutes avant que je remballe pour retourner au port, une impressionnante explosion se produit enfin depuis un cratère visible ! La scène est immortalisée avec la caméra et mon appareil photo, c’est génial ! Après ces émotions je me dépêche de rentrer au village pour rejoindre le reste du groupe et prendre le bateau.

Après notre retour à Milazzo en hydroglisseur, nous prenons le bus en direction des pentes de l’Etna sur le versant Nord. Culminant à 3330 m d’altitude, l’Etna est le volcan le plus haut d’Europe et avec presque cent éruptions au cours du XXème siècle, l’un des plus actifs du monde. Sa forte activité éruptive, les coulées de lave très fluides et la proximité de zones densément peuplées ont décidé les volcanologues à l’inclure dans la liste des volcans de la Décennie. Nous arrivons à un joli refuge (Ragabo Rifugio) situé juste après le village de Linguaglossa à 1'450 m d’altitude où nous passerons la nuit. Comme la plupart de groupe n’avait pas fait de randonnée de la journée, nous faisons une courte balade dans la forêt de pins qui entoure le refuge.

Jeudi 9 mai

Le matin nous partons pour une longue journée de marche. Nous montons d’abord jusqu’à Piano Provenzana (1800 m) pour admirer les dernières formations spectaculaires de lave  de l’éruption de 2002, et les cratères de la fracture éruptive (La Bottoniera). Il y a entre 400 et 500 cratères secondaires autour de l’Etna et ce sont ces derniers qui menacent le plus les infrastructures due à leur proximité. Lors de l’éruption de 2002 le complexe touristique et la station de ski de Piano Provenzana sont totalement détruits.

A cette époque la lave avait jaillit de 25 cratères formant une boutonnière (La Bottoniera) sur le flanc Nord-Est de l’Etna. Etonnamment tous ces cratères se sont formés sur une fracture parfaitement rectiligne donnant l’aspect d’une boutonnière. Ensuite nous passons près du Monte Nero où nous observons des hornitos qui datent de 1923, dans le magnifique écosystème du Parc de l’Etna. Nous poursuivons jusqu’à la grotte des Framboises (1700 m), tunnel de lave d’une extraordinaire beauté. Après 21 km de marche nous rentrons au refuge pour passer la nuit.

Vendredi 10 mai

Le matin nous partons pour le sommet de l’Etna. D’abord nous empruntons une télécabine depuis le côté Sud du volcan et nous finissons l’ascension en 4x4 jusqu’à 2'900 m. La route traverse des étendues de neige de 5 à 10 mètres d’épaisseur !

Très fréquentes, les éruptions de l’Etna se déroulent pour une grande majorité dans la partie sommitale où l’on compte six cratères. Elles se traduisent par des explosions stromboliennes, par l’émission de panaches de vapeur blanche ou de cendres qui peuvent être très puissants, et par l’émission de fontaines de lave qui atteignent plusieurs centaines de mètres, d’où partent des coulées qui s’étalent dans la vallée du Bœuf. Moins fréquentes que les éruptions sommitales, les émissions de lave qui remontent par des fissures sur les flancs du volcan, parfois à basse altitude, peuvent menacer les villes et villages alentours, et les installations touristiques.

Nous arrivons donc en 4x4 au pied des cratères sommitaux. De grands panaches blancs s’échappent d’un de ces cratères. Selon les vulcanologues, la lave ne se trouve plus qu’à 200-300 mètres de profondeur et donc l’ascension du cratère sommital est strictement interdite. Cela veut dire que la lave se situe à notre niveau et les panaches qui sortent du cratère en intermittence proviennent directement de l’activité magmatique dans le conduit du volcan ! En fait l’Etna a un regain d’activité depuis le début de l’année (déjà une quinzaine d’éruptions) et une éruption paroxysmique n’est pas à exclure dans un avenir proche. D’ailleurs un nouveau cratère sommital vient de se former en l’espace d’un mois ! Un bouchon obstrue ce dernier et donc une forte explosion est à craindre prochainement. La dernière fois, en 1987, deux touristes avaient péri, car un bouchon éclata au moment où ils étaient près du sommet. Nous apercevons une coulée de lave qui date de seulement deux semaines. En effet un petit cratère s’est formé au pied des cratères sommitaux à partir duquel de la lave s’était écoulée. Le parking des 4x4 se trouve juste au pied de cette coulée et nous en profitons pour parcourir quelques mètres à sa surface. En prenant une pierre, je m’aperçois que la roche est encore très chaude après deux semaines. En effet je ne tiens pas plus d’une seconde avant de devoir la relâcher.

Nous entamons ensuite la descente du volcan en visitant un cratère secondaire d’où s’échappe des fumerolles. Sur le chemin nous passons devant un refuge, entièrement recouvert de cendre, qui a été détruit lors d’une éruption. Nous découvrons ensuite plusieurs autres cratères secondaires avant d’arriver au bord de la vallée du Bœuf.

La vallée du Bœuf est une caldeira en forme de fer à cheval et ouverte sur le flanc Est de l’Etna. Elle mesure 5 à 5,5 km de largeur pour 7 à 10 km de longueur. La vallée est délimitée au nord, à l’ouest et au sud par des remparts qui forment des falaises surplombant parfois de plus de 1'000 mètres le fond tapissé de coulées de lave datant majoritairement de moins de cent ans. La date et le mode de formation de la vallée du Bœuf demeurent encore incertains. Elle aurait pu se former au cours d’un ou de plusieurs effondrements, peut-être à la manière dont a été affecté le mont Saint Helens en 1980, il y a entre 80'000 et 5'000 ans. Les débris de ces effondrements sont identifiés au pied de la montagne seulement à la fin du XXème siècle. Cet affaissement du flanc oriental de l’Etna se poursuit toujours comme en témoignent le glissement sur cinq à six mètres du rebord sud-ouest de la caldeira au cours des éruptions de 1983 et 1992.

Le panorama qui s’étale devant nos yeux est à couper le souffle. Nous profitons du spectacle pour manger notre pique-nique.

Finalement nous rejoignons le départ de la télécabine en descendant une longue pente de cendre. La fine poussière me rappelle les dunes géantes d’Algérie et c’est un véritable plaisir de s’élancer en toute légèreté et à grandes enjambée dans cet environnement lunaire. La station de ski est truffée de cratères multicolores qui se détachent du revêtement noirâtre de la cendre volcanique.

Nous nous rendons ensuite à Catane où nous pouvons profiter d’une après-midi libre. Après la dégustation d’une excellente glace Italienne et la visite du château Ursino, nous nous retrouvons dans un restaurant typique pour y passer notre dernière soirée Sicilienne.

Le château d'Ursino (Castello Ursino en italien) est un château du XIIIe siècle situé à Catane, en Sicile, et autrefois réputé inexpugnable. Construit aux environs de l'an 1239, il appartenait au roi Frédéric II de Sicile. Il s'agit de l'un des rares édifices de Catane à avoir survécu au tremblement de terre de 1693. Le château est organisé selon un plan rectangulaire, avec de larges tours circulaires à chaque coin.

À l'époque où le château a été construit, il se situait sur une falaise dominant la mer. Suite aux éruptions volcaniques et aux séismes, il se trouve désormais un kilomètre à l'intérieur des terres. Les anciennes fosses du château furent par ailleurs remplies de lave au début du XVIIe siècle, suite à une éruption de l'Etna.

L'édifice abrite aujourd'hui le musée municipal de Catane, ainsi qu'une galerie d'art.

Samedi 11 mai

Départ tôt le matin de Catane pour rejoindre Genève en avion avec transit par Rome