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partie centrale qui "pousse"

2013: Vanuatu (Paradis Perdu)

Dimanche 4 août (vol Genève-Abu Dhabi)

 Départ de Genève avec mon frère François pour Sydney avec escale à Abu Dhabi.

Lundi 5 août (vol Abu Dhabi-Sydney)

Survole de l’Océan Indien et de l’Australie.

Mardi 6 août (visite de Sydney / vol pour Port Vila)

Arrivée à Sydney le matin et visite du Zoo de la ville avec Martha, la sœur de Paulo. Nous y découvrons de nombreuses espèces typiquement Australiennes tel que le kangourou, le koala, divers marsupiaux, l’ornithorynque ou le diable de Tasmanie. Le zoo offre une vue panoramique sur la baie de Sydney avec son célébrissime opéra et le fameux Harbour Bridge. Ensuite nous grimpons au sommet de la Sydney Tower Eye qui se trouve dans le centre-ville. Ce bâtiment de 250 mètres est le plus haut de Sydney et offre une vue à 360°C. Nous faisons également l’expérience du cinéma en 4D ! En fait il s’agit d’un film 3D sur Sydney avec des effets de salle évocateurs, notamment de vent, des bulles et des jets d’eau.

Le soir nous quittons l’Australie pour le Vanuatu. A l’aéroport de Port Vila, la capitale du Vanuatu, un petit orchestre de musique Ni Vatu nous accueille chaleureusement, les vacances peuvent enfin commencer ! Notre futur guide, Thomas, nous accompagne dans un joli hôtel de la ville où nous passons la nuit.

L'archipel du Vanuatu est une jeune chaine volcanique constituée de plus de 80 îles et îlots. Il appartient à la ceinture de feu du Pacifique, une ligne de 40’000 km en forme de fer à cheval bordant l'océan Pacifique qui regroupe 75% des volcans actifs de la planète. Il compte 12 volcans actifs dont 5 en activité permanente.

Mercredi 7 août (vol Port Vila-Tanna / installation dans bungalow au pied du volcan Yasur)

Le matin découverte de Port Vila (île Efate) et en début d’après-midi décollage pour l’île de Tanna qui se trouve à 200 km au Sud. Depuis l'aéroport de Whitegrass nous nous rendons à Port Résolution en pick-up pas très confortables (2h30 de piste). Le trajet passe au pied du volcan Yasur. Il fait déjà nuit et nous faisons une courte halte pour admirer les projections de bombes incandescentes. Je suis impatient d'assister à ce spectacle grandiose depuis le sommet. Nous arrivons finalement à destination au Tanna Island Dream Bungalow. Installation pour trois nuits dans des bungalows rustiques chez l'habitant proches de la magnifique baie de Port Resolution, non loin du volcan Yasur, dont on aperçoit le panache et d’où retentissent de fréquentes explosions. Nuit à Port Resolution.

Jeudi 8 août (baie des tortues / danses coutumières / volcan Yasur)

Baie des Tortues

Petite randonnée à la baie des tortues. Une source d’eau chaude se trouve sous la plage et la mer est vraiment chaude au bord. La plage est également jonchée de quantité de deux sortes de pierres ponces. Les pierres blanches proviennent de l’éruption d’un volcan sous-marin de la fosse des Kermadec Tonga situé à plus de 1000 km. Ces dernières ont été transporté jusqu'à l'île de Tanna par les courants marins. Les pierres ponces noires proviennent d'éruptions type Pompéi du Yasur.

Nous assistons à des danses traditionnelles dans un petit village avec vue panoramique sur le Yasur (tribu des Imayos).

Yasur

En fin d’après-midi montée au Yasur en pick-up, puis à pied. Au début le cratère est obstrué par le brouillard, mais finalement les nuages disparaissent pour laisser apparaître les explosions. Observation de l’activité strombolienne permanente émanant de plusieurs bouches situées à l’intérieur de l’immense cratère. Depuis les crêtes nous pouvons voire les ondes de chocs des explosions et les ressentir physiquement à cause de leur puissance colossale ! L’activité strombolienne du Yasur correspond à une activité intermittente d’éjections de cendres et de scories, rythmée par l’émission de gaz remontant sous forme de poche ou bulle dans le conduit principale. Le dégazage du magma produit une grande quantité de bulles de gaz qui vont par coalescences former une poche, laquelle va subir des dilatations et des compressions lors de son ascension dans la cheminée volcanique, puis par décompression vas exploser et projeter les lambeaux de laves, scories, et cendres.

Vendredi 9 août (baie de Port Resolution / volcan Yasur)

 Visite de la baie de Port Resolution où le capitaine James Cook débarqua en août 1774 après avoir été attiré par le rougeoiement du Yasur. La baie emprunta le nom de son bateau qui s’appelait HMS Resolution. D’ailleurs c’est James Cook qui baptisa l’île Tanna, probablement à cause du nom local pour Terre, tana dans la langue Kwarmera. Une source d’eau bouillante sort directement depuis des rochers à moitié immergés au bord de la baie. Le propriétaire du lieu nous faire cuire des bananes plantains directement dans l’eau de la source.

Découverte du flan du Yasur, appelé complexe du Yenkahe, qui borde la baie. Cette partie du volcan est une vraie cocotte-minute. Des mofettes s’échappent de la roche et on peut observer une zone argileuse multicolore que les locaux utilisent pour se peindre le corps lors des cérémonies coutumières. Les mofettes se différencient des fumerolles par l’absence de soufre, et généralement par un aspect, des températures (moins de 100°C) et une acidité plus conventionnelle que d’autres phénomènes paravolcaniques apparentés. Le complexe du Yenkahe s’est soulevée d’environ 150 mètres en moins de mille ans à cause de la pression constante du magma sous sa surface ! Ce mouvement vertical impressionnant a été déterminé à partir de datations sur des coraux prélevés à différentes altitudes. Cela veut dire que quand le capitaine Cook débarqua dans la baie de Port Résolution, la colline était 35 mètres moins élevée qu’aujourd’hui!

Mofette
Zone argileuse
Plage de Whitesand
Banian

Visite du village de Port Résolution et de la plage de Whitesand. Dîner succulent chez Léa dans un restaurant typique au bord de la plage (curry de poulet servit sur feuille de bananier avec christophine, igname, taro, manioc, haricots serpents et riz).

En fin d’après-midi départ pour le Yasur en pick-up. Au sommet du Yasur le temps est tempétueux. Il est difficile de se tenir debout à cause de la vitesse phénoménale du vent ! Le vent projette la cendre du volcan avec violence sur nos visages. Heureusement qu’on avait prévu un masque de protection pour les yeux ! Le Yasur est en très bonne forme, c’est un véritable spectacle son et lumière avec des bombes éjectées jusqu’à 200 mètres de hauteur! A cause du vent, les conditions ne sont pas très favorables. Cependant le guide prend finalement quatre personnes (dont François et moi) pour monter sur la crête sommitale et observer les bouches du volcan par lesquelles la lave est catapultée dans les airs. L’ascension est périlleuse, car la pente cendreuse est très raide, le gaz toxique nous oblige à mettre nos masques et les vents violents nous déséquilibrent constamment. Au sommet nous ne restons pas plus de 5 minutes à cause de la dangerosité du site et de la proximité des explosions. Là-haut nous avons une vue imprenable sur les bouches du monstre qui crachent constamment de la lave et des bombes incandescentes. Durant ce laps de temps nous observons deux belles explosions qui retentissent juste sous nos pieds au fond du cratère. Les bombes jaillissent des entrailles du volcan avec fracas et nous dominent d’une centaine de mètres. Nous avons l’impression d’être face à un chalumeau géant couplé à une pièce d’artillerie lourde ! L’armée Japonaise, lors de la deuxième guerre mondiale, n’est jamais parvenue jusqu’au Vanuatu. L’archipel du Vanuatu (qui s’appelait à l’époque les Nouvelles-Hébrides), et en particulier l’île d’Esperitu Santo, était une base arrière de l’armée américaine. Pourtant on a l’impression d’être au milieu d’une zone de combat acharnée comme à l’époque de la Guerre du Pacifique ! C’est comme si les forces navales nous tiraient dessus avec leur canons démesurés depuis la baie de Port Resolution et que leurs obus nous explosaient à la figure.

Samedi 10 août (vols Tanna-Port Vila puis Port Vila-Ambrym / snorkling et dégustation de Kava à Craig Cove)

Lopevi

Le matin nous partons pour l’aéroport de Tanna en pick-up (2h30 de piste). L’avion décolle à l’heure pour rejoindre Port Vila sur l’île d’Efate. Nous profitons de prendre une douche salvatrice à l’hôtel où nous avons laissé nos affaires. Puis nous allons acheter les pique-niques pour Ambrym dans un supermarché très bien achalandé à deux pas de l’hôtel. On se croirait dans le supermarché Cora à Evian, sauf que les denrées sont beaucoup plus chères étant donné l’extrême éloignement du Vanuatu. Les fromages sont particulièrement onéreux (environ 70'000 Vatu le kilo, ce qui correspond à 70 Francs Suisse) ce qui est un véritable supplice pour les amateurs de produits laitiers et les expats Français. Avant de repartir pour l’aéroport, nous prenons un bon repas chaud dans un restaurant qui sert des plats internationaux.

Nous décollons de Port Vila pour Craig Cove, sur l’île d’Ambrym qui se trouve plus au Nord. Quand le capitaine Cook arriva sur cette île, les habitants lui offrirent des ignames (ambrym en Ni Vatu) et donc il nomma l'île du même nom.

En chemin nous survolons le volcan Lopevi. C’est un volcan jeune, au cône raide et à peu près régulier atteignant 1413 m d’altitude, sur une île inhabitée. Lopévi est le seul volcan du Vanuatu qui ne possède pas de caldeira. C’est également l’un des trois volcans les plus souvent actifs du Vanuatu avec Ambrym et le Yasur. Depuis 2001 il entre en éruption presque tous les deux ans. La formation d’une caldeira lors d’un événement cataclysmique est possible dans le futur. Quelle que soit son activité, l’ascension de ce volcan est interdit aux femmes, susceptibles de déranger l’âme des morts qui revivent dans le cratère.

 

L’infrastructure à Tanna était assez rustique, à Ambrym c’est encore pire. D’ailleurs il n’y a aucun hôtel sur l’île. L’avion atterrit sur une piste herbeuse qui traverse la forêt au bord de la mer. Le chef du village de Craig Cove (Francis) nous accueille avec un pick-up. Les bagages sont emmenés et nous rejoignons le village à pied où nous attend un plat de pamplemousse rapicollant. La moitié du village est anglophone (et protestante) et l’autre moitié est francophone (et catholique). Nous séjournons dans la partie francophone.

Le reste de la journée est libre et nous profitons de faire un peu de snorkling sur la plage de Craig Cove. Une partie de la plage, où se trouve une source d'eau chaude, est réservée exclusivement aux femmes. Cette source illustre l'activité volcanique de la région. A l'époque il y avait un hôpital à Craig Cove. Cependant un cratère de maar s'est soudainement formé sous ce dernier et l'a donc entièrement détruit! Les maars se forment de la façon suivante. Le magma, en remontant vers la surface, rencontre dans le sous-sol une nappe phréatique ou un cours d'eau souterrain. Une partie de cette eau se vaporise alors sous l'effet de la chaleur, ce qui entraîne une importante augmentation de la pression dans le sous-sol, au point que les roches en surface sont soudainement éjectées à la manière d'un bouchon de champagne. Généralement, la nappe phréatique ou le cours d'eau souterrain qui a contribué à la formation du cratère alimente ensuite un lac dans le bassin ainsi créé. En l'occurance à Craig Cove, la mer a remplit le maar. A la tombée de la nuit nous dégustons le fameux kava dans un bar à kava du village. Cette boisson, qui est connue depuis au moins 2000 ans par les autochtones, est préparée à partir de la racine d’un cultivar du poivrier sauvage qui ne pousse qu’au Vanuatu, à Wallis et Futuna, et dans quelques îles avoisinantes. Elle a des propriétés anesthésiantes, myorelaxantes, stimulantes, euphorisantes et antidépresseur. Dans les tribus, l’usage du kava est sacré, et interdit aux femmes (dans certaines tribus de Tanna, les femmes peuvent exceptionnellement en consommer), dans des cas définis par le « Man blo Kustom » (littéralement l’homme de la coutume en bichelamar). Aujourd’hui la préparation a été popularisée par les « kava bars » aussi appelés « nakamals », terme désignant à l’origine un lieu tabou (case tribale ou simplement l’abri d’un arbre) où se trouvent les hommes après le travail pour consommer le kava.

Dimanche 11 août (visite de Craig Cove / transfert à Lalinda / observation des roussettes)

Tambours à Craig Cove
Ecole de Craig Cove

Visite du village, de son four à copra et de son école. Le copra est la partie blanche de la noix de coco. La chaire est cuite durant deux jours dans un four avant d'être acheminée à Port Vila pour en faire du carburant, de l'huile ou du savon. Etant donné qu'une partie du village est anglophone et l'autre francophone, il y a deux écoles maternelles et deux écoles primaires. Pour poursuivre les études il faut aller à Port Vila, puis en Nouvelle-Calédonie ou en Australie pour l'université. Francis, le chef du village, nous présente les fameux tambours d'Ambrym. Le nombre de têtes sur un tambour correspond au grade du chef qui en est le propriétaire. Pour devenir chef et passer des grades il faut posséder un certain nombre de cochons à longues dents. Ce système électoral peut paraître archaïque, cependant ce sont seulement les vieux cochons qui développent des dents suffisamment longues et il faut beaucoup de talents politiques et diplomatiques pour pouvoir acquérir et élever un nombre de cochons suffisant avec une dentition adéquate. Donc seulement les gens ayant des qualités de chef peuvent accéder à ce statut. Etant donné que nous sommes dimanche et que les Ni Vatu sont de fervent chrétiens, nous en profitons pour assister à la messe catholique qui se déroule dans l'église du village. Les habitants ont mis leur habit du dimanche et les joyeux chants résonnent dans la maison de Dieu.

Transfert en pick-up au pied de la caldeira (environ 1h30) dans le village de Lalinda. C'est le village où habitent nos porteurs. Nous profitons d'une jolie plage de sable noir où les enfants du village s'amusent. Ensuite nous allons observer des roussettes dans la forêt au bord de la mer, les grands arbres en sont couverts. Soirée conviviale avec la communauté Ni Vatu au village et dégustation de kava dans un kava bar. Nuit à Lalinda chez un guide locale, Josey, qui connait très bien le volcan Ambrym.

Lalinda
Roussettes
Préparation du Kava
Vue satellite du volcan Ambrym (14 août)

Le volcan Ambrym est un grand stratovolcan basaltique reposant sur des fonds de 600 m au Sud et 1400 m au Nord. Le cône surbaissé de base est surmonté par un grand anneau de tufs, celui-ci est entaillé par une caldeira de 12 km de diamètre qui délimite « la plaine de cendres », légèrement inclinée vers l’Est, datée à 2000 ans au C14. Cette caldeira est occupée par deux cônes volcaniques principaux, le Marum (alt. 1270 m) et le Bembow (alt. 1159), et plusieurs cônes adventifs comme le Mbuelesu, sur le flanc est du Marum. Ambrym a la particularité de posséder plusieurs lacs de lave, ce qui est extrêmement rare puisque il n’en existe que cinq sur l’ensemble de la planète. Scientifiquement parlant, il est d’autant plus exceptionnel car c’est le seul volcan possédant un lac de lave à se situer dans une zone de subduction. L’activité récente se concentre donc dans ses cratères ainsi que le long de fissures, généralement occupés par un lac de lave qui se vidange soit sous forme de coulées de laves intra-caldeira ou fissurales externes, soit sous forme de dépôts de cendres. Les cratères Bembow, Marum, Mbwelesu sont en activité quasi permanente. Il y a environ 1800 ans, Ambrym a connu une éruption exceptionnelle qui a complètement modifié le relief de l’île et formé la caldeira sommitale. Depuis, Ambrym a eu de nombreuses éruptions.

La quantité de dioxyde de souffre (qui est un marqueur de l’activité volcanique) expulsée par les cratères du volcan Ambrym est l’une des plus importantes au monde, elle est estimée à 5000 tonnes par jour lorsque le volcan est passif.
Tous les villages d’Ambrym sont touchés par les gaz et subissent des pluies acides tout au long de l’année, particulièrement ceux situés à l’ouest sous les vents dominants tel que Craig Cove. L’impact sur la population est important: les cultures sont affectées, certains tubercules ne poussent pas et les récoltes, de façon générale, sont assez maigres. Des études récentes sur la santé laissent penser que la consommation d’eau acide est à l’origine de problèmes d’hypertension artérielle et de maladies de la peau.

Lundi 12 août (marche jusqu’à la caldeira d’Ambrym / visite de la station de géo surveillance / montage du camp de base)

Départ pour la caldeira d’Ambrym avec nos porteurs. Nous traversons une jungle épaisse et humide en faisant l’ascension du bord de la caldeira. Après 5 heures de marche et 700 mètres de dénivelé, nous faisons un dernier effort en escaladant une dunette de cendre et débouchons dans la caldeira. Une vision lunaire s’offre à nos yeux ce qui tranche complétement avec l’environnement luxuriant du reste de l’île. Les impressionnants volcans Bembow et Marum nous toisent avec leurs grands panaches. J’ai du mal à croire que nous allons passer les quatre prochains jours seuls au monde dans cette caldeira au sommet d’une petite île du Pacifique Sud.

Après cette première vision irréelle, nous installons nos tentes à la lisière de la forêt et allons visiter la station automatique de surveillance volcanologique qui se trouve à quelques centaines de mètres. Cette station est équipée depuis 1994 et est relayée par satellite ARGOS afin d’envoyer les données tectoniques en temps réelle aux volcanologues qui se trouvent à l’observatoire de Port Vila. Le guide nous précise qu’il faut marcher doucement à proximité de la station afin de ne pas alerté les scientifiques inutilement.

Le guide Thomas nous explique ensuite en dessinant avec son bâton sur la cendre comment la caldeira s'est formée. Les volcanologues sont parvenus à dater la caldeira en analysant les dépôts qui se sont formés sur ses bords à la suite de l'effondrement du sommet du volcan d'alors. Et donc la caldeira aurait pratiquement 2'000 ans. En mesurant la quantité phénoménale de gaz qui s'échappe du volcan, les volcanologues en ont déduit qu'il y a beaucoup plus de lave que ce qu'on peut voire dans les lacs au fond des cratères. En fait il y aurait une énorme chambre magmatique qui aliment à la fois le Bembow et le Marum. Quand la lave remonte depuis la chambre magmatique, la pression diminue et le gaz dissout dans le magma forme des bulles qui viennent éclater à la surface comme du champagne que l'on sabre.

La végétation n'est pas très abondante dans ce désert de cendre, cependant de jolies orchidées parviennent pourtant à pousser dans ce milieu hostile. Décidément le Vanuatu regorge de mystères!

Station de mesure
Borne GPS
Sismomètre
Orchidée

Mardi 13 août (lac de lave du Marum)

Marum

Dans la matinée nous partons pour le Marum (1270m). Il fait grand beau et le soleil commence déjà à taper. C’est une journée exceptionnelle, car le climat est habituellement très humide dans la caldeira d’Ambrym et il pleut souvent. Au bord immédiat du Marum se trouve un petit cône volcanique appelé Mbuelesu. Ce dernier abrite normalement un lac de lave, mais depuis peu de temps son conduit est bouché, ce qui le rend particulièrement dangereux. En effet la pression de la lave ne cesse d’augmenter dans ses entrailles et il risque d’exploser à tout moment ! Afin de limiter les risques le guide décide de le contourner pour ne pas s’exposer à la zone dangereuse. Malheureusement une coulée de lave infranchissable qui date de 1988-1989 nous barre le chemin et nous devons donc faire un grand détour pour enfin accéder au bord du cratère du Marum. D’ordinaire le trajet aurait duré 1h30. A cause de ce contretemps nous mettons 3 heures pour parcourir les 12.5 km qui nous séparent du Marum.

Approche du Marum
Approche du Marum
Vue sur la caldeira depuis le Marum
Vue sur la caldeira depuis le Marum
Marumliglar
Marumliglar

Nous faisons une halte pique-nique avant de parcourir la dernière centaine de mètres qui nous sépare du bord du cratère. Avant le sommet nous apercevons un magnifique volcan recouvert de végétation. Il s’agit du Marumliglar, un volcan tabou. L’ascension de ce petit cône tronqué au sommet est strictement interdite et d’ailleurs même sa photographie est mal vue par la population locale ! En fait les autochtones pensent que ce volcan inactif cache le passage des morts vers l’au-delà (l’au-delà étant le Marum). Ainsi personne n’y s’est jamais aventuré ! Le cœur de son cratère sommital abrite une forêt dense. Cet espace de verdure n’a donc jamais été violé et vraisemblablement des trésors végétaux et animaux inconnus doivent encore s’y cacher.

Nous arrivons enfin au bord du cratère du Marum et nous pouvons admirer le lac de lave le plus tourmenté du monde. Ce dernier se trouve à environ 300 mètres en contre-bas à la verticale de notre position. C’est un spectacle dantesque ! Le lac n’est pas à son plus haut niveau, mais son envergure d’une cinquantaine de mètres est déjà très impressionnante. Le lac entier est en ébullition et projette des paquets de lave sur les parois du cratère. Après ce fantastique spectacle nous rentrons à pied au campement en empruntant le même chemin.

300 m au-dessus du Marum
Le Marum de nuit

Mercredi 14 août (canyons du Bembow / source d’eau douce)

Nous nous réveillons au campement avec la pluie. Le climat habituel de la caldeira reprend ses droits et les précipitations ne cesseront pratiquement pas de la journée. Il n’est donc pas envisageable de tenter le Bembow. Lors d’une petite accalmie nous visitons les environs ainsi que les canyons qui serpentent au pied du volcan. Ces derniers ont été creusés par les intempéries qui se succèdent à longueur d’année. Par endroit nous pouvons observer la structure interne des nombreuses coulées de lave qui recouvrent la caldeira. Des orgues basaltiques perpendiculaires aux coulées de lave nous indiquent la direction du flux de la lave. Nous pouvons également voir les bulles de gaz encastrées dans la lave solidifiée. Vu leur taille, il est facile de s’imaginer la quantité de gaz piégée dans le magma qui force son passage dans les entrailles de la terre pour venir éclater à la surface comme une bouteille de champagne que l’on sabre.

Nous visitons également une source d’eau douce permanente qui pourrait nous être bien utile au cas où notre réserve d’eau se tarirait. En effet l’eau de cette source est filtrée par la cendre qui recouvre une couche de basalte imperméable, ce qui la rend parfaitement potable.

Lors de notre départ de Lalinda lundi, les guides avaient apportés avec eux un coq qui nous avait cassé les oreilles par son chant matinal. Durant deux jours nous avons nourris ce coq, que l’on a appelé « Arthur ». Malheureusement pour lui on a décidé de le manger ce soir-là afin d’agrémenter notre souper. Des femmes de notre groupe l’on donc plumé pendant que d’autres préparaient les légumes. Pour une fois on a pu consommer autre-chose que des menus lyophilisés !

Jeudi 15 août (lac de lave du Bembow)

Nous nous réveillons de nouveau sous la pluie. Cependant le temps est un peu plus clément que la veille et nous décidons de tenter le Bembow (1160m). Après une courte marche dans la cendre nous arrivons au pied de ce géant dont le cratère principal fait 1.5 km de diamètre.

Bembow

A l’intérieur se trouve deux autres cratères plus petits où se trouvent deux lacs de lave (un côté Sud et un côté Nord). D’ailleurs un des lacs de lave (côté Nord) s’était formé il y a peu de temps et venait d’être découvert par notre guide Thomas quelques mois auparavant.

Le Bembow a longtemps été un volcan tabou (et l'est encore pour la plupart des Ni Vatu). Tout comme le Marum, il est considéré comme étant un lieu où l'esprit des morts repose. Il y a une vingtaine d'année son accès était strictement interdite. Cela ne découragea pas Guy de St-Cyr qui entrepris de l'explorer avec un guide local. Mal leur en a pris, car le guide fût contraint de faire un séjour à la prison de Port Vila à cause de cette outrance! Guy, de son côté, eu de sérieux démêlés avec les autorités. Finalement la situation se débloqua quand un responsable tribal descendit dans le cratère pour vérifier l'intégrité du volcan. Depuis il est permis de s'aventurer sur le Bembow en s'acquittant d'un droit de passage pécuniaire. Nous prenons donc conscience de la chance qui nous est octroyé de pouvoir s'aventurer à cet endroit.

Nous escaladons une crête que l’on suit jusqu’au sommet du volcan. Nous avons une vue panoramique sur le vaste cratère du Bembow et la caldeira d’Ambrym. A ce stade, casque et masque à gaz sont obligatoire. Il faut faire attention à ne pas glisser dans le gouffre, car une chute serait inévitablement fatale. D’ailleurs une personne y a déjà perdu la vie de cette façon. Il s’agissait d’une jeune femme en lune de miel avec son mari. En longeant le bord du cratère une poche de gaz s’éleva des entrailles du volcan. Prise par surprise, la jeune femme fit un faux pas et tomba malheureusement dans le précipice vers une mort certaine!

 

C’est avec ce dramatique accident à l’esprit que nous entamons notre descente dans le cratère. Le guide installe une corde de 200 m à laquelle nous nous attachons avec un mousqueton pour sécuriser notre descente. Nous descendons d’abord dans une cendre compacte avant d’atteindre des rochers durs et acérés. Je comprends maintenant pourquoi une chute aurait été fatale. En effet la pente vertigineuse nous aurait projetés sur ces rochers en nous lacérant le corps. Au fond du cratère, je mesure le chemin parcouru en me disant que c’était bien judicieux d’avoir sécurisé la descente. Je rejoints mon frère François qui m’avait précédé. Il se trouve déjà au bord du cratère Sud qui abrite un des lacs de lave. Un grand panache de fumée sort de la bouche de ce monstre. J’ai l’impression de me trouver sur une autre planète, loin de toute civilisation. Les parois abruptes du volcan nous encerclent et j’imagine facilement un panorama similaire dans un cratère à la surface de la lune. La cendre meuble est mélangée à des blocs de laves blancs, gris, roses, voir même oranges. Les nombreuses intempéries ont complétement raviné le fond du cratère. Ce paysage torturé est renversant. De grandes balafres où l’on peut s’enfiler zèbrent le sol, comme si la guerre des mondes avait déjà eu lieu à cet endroit de la terre.

Depuis notre site d’observation le lac de lave n’est malheureusement pas visible, car ce dernier est logé dans un puits profond. Après avoir cassé la croute, le guide Thomas part en éclaireur pour trouver d’autres chemins d’accès. Il prévient le guide locale Josey par talkie-walkie qu’un petit groupe peut le rejoindre plus loin au bord du cratère. Josey nous conduit d’abord à travers un dédale de fissures avant d’aboutir sur un autre versant du cratère. L’endroit est très escarpé et il faut faire attention à ne pas basculer dans le vide. La vue est plus dégagée et nous pouvons apercevoir le puits où se trouve le lac de lave. Cependant son niveau est relativement bas et nous voyons seulement les projections de lave sur les bords du puits. Entre-temps Thomas est déjà parti en reconnaissance sur le deuxième lac de lave au bord du cratère Nord. Ce dernier est nimbé d’une épaisse fumée et donc la visibilité est pratiquement nulle. Après un moment le guide nous communique par talkie-walkie qu’une partie du lac est visible, mais que malheureusement l’accès est beaucoup trop difficile. Nous renonçons donc à cet objectif. Josey en profite pour chantonner une chanson d’Ambrym en langue locale. Le petit concert a capela qu’il nous offre est saisissant, car le guide est à l’aplomb du gouffre où se trouve le lac de lave.

Coucher de soleil volcanique

Finalement nous nous résignons à quitter ce lieu hors du commun en escaladant la pente raide du Bembow grâce à notre corde de 200 m. François décide de rentrer au campement avec une partie du groupe. Pour ma part je préfère suivre Thomas qui proposa de faire un détour en direction du Marum pour admirer la coulée de lave de 1988-1989 qui nous avait barré la route mardi et éventuellement trouver des bombes expulsées par le Mbuelesu. A mi-chemin entre le Bembow et le Marum nous grimpons sur un promontoire qui offre une vue panoramique sur la coulée de lave. Nous sommes déjà en fin de journée et le soleil commence à descendre sur l’horizon. Nous n’avons donc plus le temps de chasser les bombes volcaniques du Mbuelesu. Sur le chemin du retour nous pouvons admirer un magnifique coucher de soleil volcanique rougeoyant au pied du Membow. Ce phénomène se produit quand le soleil passe derrière un nuage de gaz volcanique. Le soleil prend soudain une teinte rouge dû au passage des rayons à travers le gaz.

Le Bembow de nuit

Après une journée pleine d’émotions, nous passons notre dernière nuit au campement et admirons le rougeoiement nocturne du Bembow qui se reflète sur son panache.

Vendredi 16 août (retour à Lalinda, puis à Craig Cove)

Retour à Lalinda

C’est le jour de retour et nous nous levons avec le soleil. Nous attendons donc les porteurs et guides de Craig Cove qui étaient censés nous raccompagner à leur village par la magnifique voie des crêtes sur le versant Nord du Bembow. Apparemment il y a eu un problème d’organisation  et malheureusement ces derniers n’arrivèrent jamais !

En fait jusqu’à Ambrym nous étions deux groupes à voyager ensemble sous la supervision de Thomas. Le premier groupe, donc François et moi faisions partie, n’effectuerai que deux semaines de voyage, alors que le deuxième groupe continuerai sur l’île de Gaua pour une troisième semaine de voyage afin d’escalader le volcan Gareth.

Le deuxième groupe parti donc seul pour le village d'Endu pendant que nous attendions les guides de Craig Cove avec Thomas. Etant donné que personne n’arriva de Craig Cove, Thomas se résigna à rejoindre le deuxième groupe à pied. Josey nous conduit donc à Lalinda en empruntant un chemin alternatif de retour.

A Lalinda un pick-up nous conduit jusqu’à Craig Cove où nous profitons pour faire une dernière fois du snorkling sur les jolies plages du village.

Samedi 17 août (snorkling à Craig Cove / vol Ambrym-Port Vila)

Après une nuit chez Francis à Craig Cove nous reprenons l’avion pour Port Vila. Nous arrivons en fin de journée à la capitale. Malheureusement les magasins sont déjà en train de fermer et seules les boutiques chinoises restent ouvertes. Nous n’avons donc pas beaucoup de choix pour faire du shopping et ramener des souvenirs du Vanuatu.

Le soir nous soupons au Beef House, un des rares restaurants de Port Vila qui sert de la Roussette. Cette grosse chauve-souris qui a un goût prononcé de gibier avec une saveur fruitée nous a été servie sous forme de civet.

Dimanche 18 août (vols Port Vila-Genève via Sydney et Abu Dhabi)

Après une nuit courte à Port Vila nous décollons pour Sydney. Finalement nous partons pour Genève avec escale à Abu Dhabi.

Lundi 19 août (atterrissage à Genève)

Arrivée à Genève à 7 h du matin.