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partie centrale qui "pousse"

L'adolescence

L’école commença à prendre plus d’importance lors du passage en secondaire au cycle d’orientation de Châtel-St-Denis en 1990. Ainsi je débutai ce cursus en classe « Général ». La première année se déroula normalement. Par contre la deuxième année fût le théâtre de ma première étape d’émancipation et une période charnière dans ma vie. Ce véritable déclic était le résultat de la convergence de plusieurs facteurs déclencheurs. Ma sœur venait d’entrer en classe « Prégymnasial », appelé également « Littéraire », ce qui me mettait en position de compétition face à une sœur plus jeune que moi. Il ne restait plus que deux courtes années d’école obligatoire avant le saut irréversible dans le monde professionnel. A ce moment je réalisai qu’il fallait percer dans le monde scolaire pour arriver à faire quelque chose de ma vie et pouvoir prendre en main ma destinée. C’est à partir de cette période qu’on a commencé à me qualifier de « Intello ». Mon complexe pondéral était également un frein à mon émancipation. Mes camarades avaient l’habitude de dire : « Alain, pourquoi tu branles le cul quand tu marches alors que la route est droite ? ». De plus j’étais conditionné par mon père pour perdre du poids. D’ailleurs Nathalie et François subissaient également la même pression paternelle d’amaigrissement. Mon père mettait régulièrement à jour un tableau comparatif figurant nos courbes de poids en fonction de notre taille avec celle d’un poids idéal. Je décidai donc de maigrir…
Comme je l’ai déjà mentionné, mon succès scolaire dépendait de mon niveau de confiance en moi et surtout de mon intérêt au sujet étudié. Heureusement plus les études avançaient, plus les sujets devenaient spécifiques et pointus, et donc plus mon intérêt grandissait. Une fois une conseillère scolaire avait dit à ma mère : « Alain possède tous les outils pour réussir » et elle avait parfaitement raison, il fallait juste identifier les sujets propices à mon épanouissement. Jusqu’à la fin de l’école obligatoire je n’éprouvais aucun plaisir à lire. Pour y remédier mon père me faisait lire des  livres que je devais ensuite raconter. Le problème c’est que ces livres ne m’intéressaient pas du tout. En avril 1993 je suis parti en vacances pour la première fois aux USA avec ma mère, Nathalie et François. En fait l’école obligatoire était sur le point d’aboutir et je me posais beaucoup de questions sur mon avenir. Nous avons d’abord visité la Floride : Miami, les Everglades, Key West et Orlando avec ses nombreux parcs d’attraction. Ensuite nous avons pris l’avion pour Washington. Nous avons loué une voiture pour nous rendre aux chutes du Niagara. A l’époque ma sœur lisait les livres dont vous êtes le héros. Elle me les prêta sur le trajet en voiture et c’est à ce moment que je découvris ma passion pour la lecture. J’avais enfin trouvé un livre qui m’intéressait ! Ainsi j’eu vite fait de dévorer ces derniers sur la route Nord-Américaine. Depuis cet instant je n’ai cessé de lire… Après les chutes du Niagara, nous avons conclus le voyage américain à New York. Quelques semaines plus tôt, le 26 février, le World Trade Center avait été victime d’un attentat, lors de l’explosion d’une voiture piégée sous la Tour 1 tuant 6 personnes et en blessant 1’042. L’extension des dommages, un cratère de 30x60 mètres à travers 5 niveaux de sous-sol, et les incertitudes quant aux dommages subis par les colonnes porteuses centrales firent que les deux tours restèrent fermées pendant plusieurs mois. Malheureusement l’accès aux deux tours était donc condamné et les touristes n’étaient pas autorisés à s’aventurer au-delà du rez-de-chaussée. A défaut des deux plus hautes tours de New York, nous nous rendîmes au sommet de l’Empire State Building dont la taille est déjà respectable.
En troisième année du cycle d’orientation je ne savais toujours pas ce que j’allais faire après l’école obligatoire. Je m’étais imaginé vétérinaire, architecte ou astronome sans pouvoir appréhender la bonne voie à suivre. J’avais déjà fait des stages en entreprise, par exemple chez Wydler à Bossonens comme employé de commerce ou dans les laboratoires de chimie à Tetra Pak à Romont. Je trouvais ces métiers de « subalternes » pas des plus stimulant et donc je décidai de suivre la voie académique, laquelle avait l’avantage de me laisser le temps nécessaire  à identifier mes aspirations professionnelles. Malheureusement la section générale au cycle ne me permettait pas d’accéder au gymnase, la voie standard pour les études supérieures. Je décidai donc de sacrifier quelques mois de ma vie afin de faire une dixième année d’école en prégymnasial. Au début le conseiller d’orientation était sceptique, car personne jusqu’ici n’avait osé sauter de général en prégymnasial. J’étais donc un précurseur et il a fallu faire mes preuves. En septembre 1993 je me retrouvais donc dans la haute sphère de l’école secondaire. Le sort voulu que je sois dans la même classe que ma sœur, car cette année-là il n’y avait plus qu’une classe de littéraire. J’étais ainsi en compétition direct avec Nathalie. L’année scolaire s’est très bien passée. En effet j’étais très assidu dans les études et j’utilisais tous mes temps libres dans la journée pour réviser mes cours. Ma 4ème année au CO de Châtel-St-Denis a été couronné de succès avec des examens finaux passés haut la main. D’ailleurs j’ai même décroché le prix des sciences, alors que ma sœur obtenu celui de mathématique. Les deux prix consistaient en une calculatrice Texas Instruments et d’un dictionnaire Larousse. La grande porte des études supérieurs m’était enfin ouverte !