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partie centrale qui "pousse"

2014: Nicaragua (Volcans et Grands Lacs)

Voire montage vidéo

Nicaragua (Volcans et Grands Lacs)

Vendredi 24 octobre (vol Genève-Paris)

Décollage de Genève pour Paris (François et mon père m’accompagnent au Nicaragua). Nous passons la nuit dans un hôtel proche de l’aéroport Charles de Gaule à Paris.

Samedi 25 octobre (vol Paris-Atlanta-Managua)

Une correspondante d’Aventure & Volcans nous accueille à l’aéroport et nous remet nos documents de voyage pour le Nicaragua. Nous décollons en milieu de matinée à destination d’Atlanta où nous embarquerons dans l’avion qui nous acheminera à notre destination finale. L’œil d’une caméra thermique nous épie au moment où nous sortons de la passerelle qui relie l’avion à l’aéroport. Je ne pensais pas être accueilli d’une telle manière à Atlanta. Visiblement les Américains ont quelques inquiétudes par rapport à l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest. Heureusement aucun de nous n’est fiévreux et nous pouvons donc poursuivre. Au gate pour Managua nous faisons connaissance de Jean-Paul et Marinette, des Niçois à la retraite qui font partie du voyage.

Après une longue journée aérienne nous atterrissons à l’aéroport de Managua en début de soirée. Nous y découvrons de nouvelles coutumes aéroportuaires qui diffèrent de celles d’Atlanta. En effet tout le staff de l’aéroport porte des masques sur le visage ! Finalement nous croisons un panneau nous alertant des risques de Chikungunya, cela explique probablement les soucis d’hygiène de l’aéroport. Cette maladie infectieuse tropicale est transmise par un moustique. Le nom est d'origine makondée et signifie : « qui se recourbe, qui se recroqueville », à l'image des feuilles tombées des arbres qui se recourbent en séchant ; la traduction de chikungunya en français signifie « maladie qui brise les os » ou « maladie de l'homme courbé » car elle occasionne de très fortes douleurs articulaires associées à une raideur, ce qui donne aux patients infectés une attitude courbée très caractéristique.

Nous sortons assez rapidement de l’aéroport et nous cherchons du regard notre guide que nous étions sensé retrouver. Finalement je l’appelle sur son téléphone et il me dit que quelqu’un de l’hôtel viendra nous chercher. Nous arrivons enfin à notre hôtel (Camino Real), qui est plutôt luxueux, et nous y passons une nuit bien méritée.

Dimanche 26 octobre (Managua-Volcan Mombacho-Granada)

A notre réveil un magnifique buffet nous attend pour le petit déjeuner. Du riz aux haricots rouges accompagnent des fruits exotiques aux multiples saveurs et couleurs. Notre guide Augusto vient nous chercher en minibus à notre hôtel et nous partons pour la lagune Apoyo. Le panorama sur ce cratère volcanique inondé est saisissant. Ce lac singulier est situé entre Granada et Masaya. Il serait né de l'explosion d'un cratère il y a environ 21 000 ans. Il mesure 6 km de diamètre et s'étend sur 34 km2. Sa profondeur maximale est estimée à 176 mètres. Depuis 1991 il a été classé comme réserve naturelle par le Ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles du pays.

 

Ensuite nous explorons la forêt de nuages du volcan Mombacho, appréciant sa végétation luxuriante. Le Mombacho (1344m) n’est pas un volcan actif, il possède deux cratères recouverts d’une épaisse végétation tropicale qui abrite un écosystème où vivent plus de 50 espèces de mammifère et une centaine d’espèce d’oiseaux. On peut y rencontrer aussi une grande variété d’orchidées et de fleurs tropicales. Au pied du volcan nous embarquons dans un camion qui facilitera notre ascension. La route étroite est très abrupte et nous traversons une forêt tropicale dense et des plantations de caféier. En chemin nous faisons une halte pour apprécier un panorama qui donne sur le cratère fumant du Masaya. Nous en profitons pour déguster un bon café local.

Finalement le camion nous conduit à 1150 m au visitor center où les rangers nous accueillent. Depuis une plateforme d’observation nous admirons d’abord un magnifique cratère qui plonge dans les entrailles de cette jungle unique. La guide nous conduit ensuite le long du cratère jusqu’à une faille naturelle qui fait penser à une immense tranchée qui aurait capitulé face aux assauts implacables de la végétation tropicale. Nous débouchons au travers de la paroi du cratère dans un entrelacs des branches et découvrons l’intimité de ce lieu magique.

Nous poursuivons ensuite dans la forêt en croisant une multitude de plantes et fleurs tropicales.

Une fumerole sort de l’épaisse végétation et nous rappelle que le sous-sol est de nature volcanique. Depuis cet endroit la vue sur les volcans environnants et sur la ville de Granada est dégagée. L’immense lac Cocibolca, appelé aussi Lac de Nicaragua s’étend à nos pieds. Le nom Cocibolca proviendrait du nahuatl coalt-pol-can signifiant « lieu du grand serpent ». Le lac couvre une superficie de 8 264 km2, faisant de lui le troisième plus grand lac d'Amérique latine (après le lac Titicaca et le lac Maracaibo), et l'un des plus grands lacs d'eau douce du monde. Le lac abrite plusieurs îles dont l'île Ometepe et les îles Solentiname. Le lac est relié à la mer des Caraïbes par le fleuve San Juan. Il est si proche de l'océan Pacifique qu'on peut apercevoir ce dernier du sommet de l'île Ometepe. Le lac Cocibolca est le seul endroit au monde où on peut trouver des requins d’eau douce. Il s’agit de requins bouledogues qui sont d’ordinaires des animaux marins. En effet, ils possèdent la caractéristique unique chez les requins de s'acclimater aux eaux hyposalines. Initialement, les scientifiques pensaient que le requin du lac Nicaragua était une espèce endémique (Carcharhinus nicaraguensis). Or, depuis 1961, il est prouvé qu'il s'agit bien de requins bouledogues qui, périodiquement, remontent le cours du río San Juan en franchissant les rapides en sautant comme le font les saumons et fréquentent ainsi les eaux du lac.

Nous continuons notre ascension du volcan à travers l’épaisse végétation, mais le sentier devient rapidement très raide. Le Mombacho se mérite. Nous débouchons sur un promontoire en bois aménagé dans la flore où des colibris butinent les nombreuses fleurs parfumées. A cet endroit la jungle offre un écrin de choix au panorama nicaraguayen.

Quelques centaines de mètres plus loin nous arrivons à notre destination finale. Nous y découvrons une élégante grenouille arboricole multicolore. Il s’agit d’une Rainette aux yeux rouges (Agalychnis callidryas). Camouflée de vert clair, elle s’ouvre dans un éclat de couleur sur des pattes bleues aux extrémités terminées par de délicates ventouses orange fluo. Ses flancs sont striés de bleu et de jaune et ses deux gros yeux orange nous toisent d’un regard de flamme. François la manipule quelques instants avant qu’elle ne rejoigne les buissons dans un saut de l’ange.

Depuis le sommet la vue sur le lac Cocibolca et la Isletas est dégagée. Ce dernier est un groupe de 365 petites îles éparpillées dans le lac. Elles furent formées quand le sommet du Mombacho explosa il y a plusieurs milliers d’années déversant les débris dans le lac et y créant ainsi un archipel. Nous avons de la chance, car il fait beau et nous pouvons voir l’île d’Ometepe avec ses deux volcans jumeaux Concepciόn et Maderas.

Nous redescendons le volcan en camion et nous partons en direction de Granada avec notre véhicule. Nous faisons un arrêt devant une sorte de carrière où nous découvrons les multiples couches colorées de cendre volcanique qui ont été oxydées avec le temps. Le lieu reflète parfaitement le passé tumultueux du Mombacho.

Nous déjeunons ensuite au bord du lac avant de joindre un hôtel colonial (Plaza Colon) de Granada. C’est à cet endroit que nous rejoignent trois personnes (Jacques et sa femme Danielle, ainsi que Daniel) qui ont débuté leur voyage au Costa Rica.

Lundi 27 octobre (Granada-Forteresse Coyotepe-Marché et Volcan Masaya)

Granada est la troisième ville la plus importante du Nicaragua et est renommée pour son architecture coloniale préservée. Nous passons la matinée à visiter le centre-ville coloniale, découvrant ses principaux monuments à l’architecture typique. Nous visitons le bord de plage où trône la statue de Francisco Hernandez de Cordoba. C’était un militaire espagnol qui explora le Nicaragua et le Honduras. Il fonda les villes de Granada en 1523 et Leon en 1524, entre le lagon et la côte. D’ailleurs la monnaie du Nicaragua se nomme le cordoba en son honneur.

Nous visitons ensuite un musée et montons au sommet d’une église pour apprécier le panorama.

Nous déjeunons ensuite dans un restaurant aux allures cubaines avant de quitter Granada pour la ville de Masaya.

En route nous visitons la forteresse Coyotepe pour une introduction à l’histoire mouvementée du pays. La forteresse, localisée au sommet d’une colline étroite éponyme, fût construite à la fin du 19ème siècle par le président José S. Celaya. L’histoire de cet ouvrage défensif est ponctuée de nombreux épisodes terribles : guerres (entre l’armée nationale et les troupes nord-américaines en 1912, et entre la Garde nationale de Somoza et la guérilla sandiniste), tortures (somozistes) et résistances s’égrenant au fil du siècle passée. La période la plus sombre débuta à la fin des années 1930 quand le dictateur Anastasio Somoza réhabilita la forteresse en prison et où les opposants politiques et autres comploteurs reçurent des traitements particulièrement cruels ou la peine de mort. La forteresse cache 43 cellules dont 28 au niveau supérieur où les fenêtres laissaient passer l’air et la lumière du soleil. Chacune des cellules supérieures contenait de 15 à 20 prisonniers et parfois plus. Les terrifiantes cellules du sous-sol ressemblaient par contre à des donjons à cause de l’obscurité, de l’humidité, du confinement et de l’oppression qui y régnaient, ce qui empêchaient les prisonniers d’avoir la notion du temps et leur causaient des traumatismes psychologiques. La forteresse fût également utilisée comme avant-poste militaire et fût donnée à l’association des boyscouts dans les années 1970. Le site fût abandonné entre 1983 et 1992 avant que le nouveau gouvernement néolibéral, qui gagna les élections de 1990, retourne la forteresse à l’association des boyscouts. Aujourd’hui c’est un musée qui offre une vue incomparable sur la région.

A Masaya nous découvrons son marché coloré et animé. A la tombée de la nuit, nous explorons le volcan éponyme et observons son étonnant cratère Santiago encore en activité.

Le Masaya (635m) a un beau cône volcanique de basalte noir situé au centre d’une grande caldera. Il possède 4 cratères sommitaux (Masaya, Santiago, Nindiri et San Pedro). Le grand cratère du Masaya a 450 m de diamètre et il est profond de 300 m. Les parois sont constituées de nombreux affleurements dont les couleurs varient du noir au jaune, en passant par l'orangé et le rouge. Les experts peuvent y lire l'histoire du volcan. Le long des parois du volcan nichent des sortes de perruches et, sur les bords, se posent souvent de grands oiseaux noirs. Tout ce monde paraît se complaire en évoluant, surtout le soir, dans ces gaz toxiques ! Résonnant du bruit des violentes remontées de gaz volcanique à haute température, son impressionnant cratère principal possède deux conduits éruptifs constamment remplis de magma incandescent. Les deux dernières éruptions ont eu lieu le 22 novembre 1999 et le 4 octobre 2003. Il est facile d’observer l’activité volcanique constante depuis le bord Sud de l’immense cratère.

Durant l'époque précolombienne, le volcan Masaya était vénéré par les indigènes qui lui offraient des sacrifices, parfois humains, pour calmer la fureur des dieux. A l'arrivée des Espagnols, le Masaya était la porte de l'Enfer et, pour exorciser le Démon, une immense croix fut érigée sur le bord du cratère, c'est la Cruz de Bobadilla, toujours visible. Pour les Espagnols du XVIème siècle, le lac de lave était formé d'or fondu. Après une tentative infructueuse pour récupérer cet or (chaleur oblige !), on se contenta seulement de le contempler depuis le haut. Les coutumes de sacrifice humain reprirent à l’époque du dictateur Anastasio Somoza Garcia. En effet les escadrons de la mort avaient pour habitude de jeter les prisonniers politiques dans les conduits incandescents du volcan depuis leur hélicoptère.

Nous visitons également un beau tunnel de lave.

Sur le chemin du retour pour Granada nous percutons un chien avec notre minibus. Nous passons la nuit dans le même hôtel de Granada.

Mardi 28 octobre (Granada-Ruines de Leon Viejo-Leon)

Le matin nous partons pour le nord du pays. Nous admirons le volcan Momotombo qui a une belle forme conique et qui se trouve au bord du lac Managua. En route, nous nous désaltérons dans un restaurant au bord de la route (je déguste une chicha, une boisson typique à base de maïs) avant de visiter les ruines de Leόn Viejo, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ces ruines constituent un témoignage exceptionnel des premiers établissements humains européens dans le Nouveau Monde. Fondée en 1524 par Francisco Hernández de Córdoba, la ville a subi au cours de sa courte histoire une série de désastres naturels. Partiellement détruite par le volcan Momotombo qui se réveilla en 1578, le tremblement de terre de 1610 lui porta le coup de grâce en détruisant ce qui restait debout. On décida alors de déplacer la ville pour la reconstruire à six lieues de là. L’enfouissement graduel de la ville pour cause de désastres naturels a permis de conserver les ruines sans altération et dans le même environnement, sans qu’elles aient subi de modification.

Les Ruines s'étendent sur 31,87 ha. À ce jour, 17 structures coloniales ont été découvertes, parmi lesquelles se détachent, pour leur importance sociale, la cathédrale Santa María de la Gracia, l’église et le couvent La Merced, la Casa de la Fundición (La Fonderie) ainsi que d’autres bâtiments destinés à des logements et à des installations civiles et militaires. Ces structures ont toutes une forme relativement simple et sont construites en tapial.

León Viejo ne s’étant pas développé, les ruines constituent un témoignage remarquable des structures économique et sociale de l’Empire espagnol au XVIe siècle. Le site conserve le tracé original des premières villes fondées par les Espagnols dans le Nouveau Monde avant la loi des Indes. Il témoigne également d’expériences faites sur des matériaux afin de trouver ceux qui seraient employés dans les futures constructions coloniales érigées dans les Amériques.

Nous avons le plaisir d’observer des oiseaux typiques du Nicaragua tel que le Guardabarranco (Motmot à sourcils bleus). C’est l’oiseau national du Salvador et du Nicaragua. Nous pique-niquons des fajitas à la crème dans un parc de Leόn Viejo avant de continuer pour la ville de Leόn.

Nous explorons à pied la capitale culturelle du Nicaragua, appréciant notamment ses peintures murales sur ses nombreuses églises et cathédrales.

Nous dormons dans un joli hôtel de Leόn (le Los Balcones).

Mercredi 29 octobre (Volcan Telica-San Jacinto)

Après le petit-déjeuner nous partons dans un pick-up pour le volcan Telica. En chemin nous avons l’occasion d’apercevoir le majestueux San Cristobal qui fume au loin.

Après une randonnée d’environ 3 heures, nous découvrons l’activité volcanique du Telica et nous pique-niquons au bord de son cratère actif de 120 mètres de profondeur. Nous avons l’impression d’être seul au monde et pourtant un gardien de chevaux se présente avec une glacière remplie de bière fraîche ! François ne manque pas l’occasion d’acheter une cannette à ce personnage providentiel.

Le Telica (1061m) a un très beau cratère d’explosion avec sa dernière éruption datant d’avril 2012. Son immense cratère possède une ou plusieurs bouches éruptives d’où s’échappe des gaz volcaniques sous pression dans un bruit d’enfer. Le haut des conduits éruptifs sont souvent incandescents. Une centrale géothermique a été installée à son pied, et est évacuée à chaque éruption du volcan.

Nous descendons ensuite par un autre sentier à travers des plantations. Subitement des trombes d’eau d’abattent sur nous. Il s’agit probablement des soubresauts de l’ouragan Hanna qui avait touché la côte Est du Nicaragua la veille. Augusto et le guide local Jesus nous disent de nous dépêcher de rejoindre un ruisseau avant que celui-ci ne deviennent infranchissable. Heureusement nous y parvenons de justesse, cinq minutes avant que le torrent déferle ! Il s’en est fallu de peu, car sinon nous aurions été pris au piège, d’autant plus que la nuit tombe vite sous ces latitudes. Cependant rien n’était encore gagné, car des éclairs s’abattaient tout autour de nous. De plus Daniel fit une chute qui lui blessa la jambe. Finalement nous avons pu rejoindre le pick-up qui nous attendait. Ensuite nous découvrons de surprenantes eaux chaudes au solfatare de San Jacinto au pied du volcan Telica. Il y a une activité fumerolienne intense avec des lacs de boue sulfureuse brassés par des jets de vapeur et de très nombreuses fumerolles.

Nous sommes invité chez la mère de notre guide local Jesus (je suppose qu’elle s’appelle Marie) qui habite à côté du solfatare de San Jacinto et qui nous offre un plat de poulet avec du riz. Une des filles de la famille se promène devant la maison avec un Bichon qui est couvert de poussière, la scène est assez drôle.

Après une journée bien remplie nous retournons à Leόn pour sécher nos chaussures détrempées et manger un bon repas.

Jeudi 30 octobre (Volcan Cerro Negro-Las Penitas-Chinandega)

Le matin nous partons avec notre pick-up pour faire une randonnée sur le volcan Cerro Negro, atypique dans cette région verdoyante. Le Cerro Negro (675m) est le dernier-né des volcans nicaraguayens. En 1850 il a connu 23 périodes éruptives et est considéré comme le plus actif du pays. Il est en activité fumerolienne intense depuis sa dernière éruption latérale en août 1999. Il possède plusieurs cratères emboîtés et d’innombrables coulées de lave historiques descendent du flanc Nord du cône volcanique. Un magnifique désert de cendre volcanique noir s’étend à son pied. Il est surveillé de près par l’observatoire volcanique et sismologique du Nicaragua (INETER).

Il y a deux voies d’accès au cratère sommital qui se trouve en bordure intérieur d’un autre cratère plus grand : soit en longeant une crête qui forme le bord du cratère extérieur, soit en pénétrant à l’intérieur de ce dernier et en escaladant ensuite le cratère sommital. Etant des âmes aventureuses nous choisissons la deuxième solution. Nous nous engouffrons dans un univers minéral et multicolore où des panaches de vapeur chaude rendent le lieu mystérieux et fantomatique. Nous avons l’impression de nous trouver sur une autre planète et son activité géothermique prouve qu’elle est bien vivante. Le magma, la substance vitale de ce jeune volcan qui ne demande qu’à grandir, n’est visiblement pas très loin. D’ailleurs des dykes, filons de roche magmatique verticale, jaillissent de part et d’autre des fumerolles. Les dykes sont les passages où le magma s’était infiltré dans la cendre avant d’atteindre l’air libre et être pulvérisé en bombes volcaniques ou vomis en torrent de lave. La cendre, plus fragile, s’est ensuite érodée en mettant à jour ces formations particulières.

Les roches volcaniques sombres qui nous entourent sont par endroit masquées par une palette de couleurs digne d’un artiste impressionniste. Les tons passent du blanc, au jaune, puis à l’ocre, et démontrent les talents créatifs du Cerro Negro. L’interaction de la vapeur avec ces minéraux colorés crée une substance argileuse que j’ai déjà rencontrée au Vanuatu (voire voyage au Vanuatu). D’ailleurs les Ni-Vatus utilisent cette argile en tant que maquillage lors des cérémonies.

Après une montée dans la cendre, nous arrivons au sommet du cratère sommital et nous profitons de superbes panoramas. Au loin nous apercevons le Telica que nous avons gravit la veille. Sous ce soleil de plomb il est difficile de s’imaginer qu’il y a peu de temps des trombes d’eau s’étaient abattues sur nous. Le fond du cratère sommital est très coloré, ce qui tranche avec la noirceur de ses flancs. Des fumerolles s’échappent de ce large naseau que l’on sent prêt à éternuer un déluge de feu.

La descente du volcan se fait d’une manière beaucoup plus directe et ludique. En effet la meilleure façon pour s’y prendre est de dévaler dans les cendres à grandes enjambées. D’ailleurs le site est propice pour ce genre d’activité, car des gens en combinaison utilisent des luges et des snowboards pour descendre cette pente meuble et vertigineuse. La descente dans la cendre fait partie d’une des activités les plus fun à faire sur un volcan.

Ensuite, route pour Las Peñitas, un village de pêcheurs au bord de l’océan Pacifique. De la langouste est sur le menu du restaurant qui se trouve au bord de la plage. Malheureusement il n’en reste plus et nous nous rabattons sur le menu traditionnel. C’est une belle journée et nous ne résistons pas à la tentation d’affronter les vagues qui se déferlent sur la côte Nicaraguayenne. Ensuite nous devons nous séparer du groupe du Costa Rica qui ont terminé leur voyage et rentrent en France. Une voiture les attend devant le restaurant pour les ramener à Managua et nous leur disons au revoir.

De notre côté nous nous rendons à Chinandegua pour nous préparer à notre dernière journée volcanique du lendemain, qui sera la plus éprouvante du voyage. En chemin nous nous arrêtons dans un supermarché pour acheter de l’eau et des barres énergétiques. Le Nicaragua est un pays chrétien et pourtant je suis amusé de voire des articles de Noël déjà disponible dans le magasin. Le contraste entre ce pays tropical où il ne neige jamais et des sapins de Noël est saisissant ! Finalement nous arrivons dans un bel hôtel (le Los Volcanes) à Chinandega où nous passerons une courte nuit.

Vendredi 31 octobre (Volcan San Cristobal)

Nous partons avant le lever de soleil avec un pick-up (le guide du Telica Jesus est venu nous chercher) pour faire l’ascension du San Cristobal. Le pick-up doit rouler sur une route de terre difficile à travers la forêt tropicale avant de nous déposer à notre lieu de départ pour la randonnée. Nous traversons d’abord une forêt dense, suivi d’une zone abrupte avec des hautes herbes, avant de nous attaquer à l’étape la plus pénible. En effet nous devons escalader une pente raide couverte de cendre jusqu’au sommet qui culmine à 1745 m (l’ascension totale dure 4 heures). Des troncs d’arbres desséchés sont piégés dans la cendre telle des pantins à l’agonie dans ce paysage désolé. A l’époque il s’agissait d’une forêt qui fût brûlée par les gaz toxiques lors d’une éruption.  Le San Cristobal est le plus haut et plus actif volcan du Nicaragua. Ce stratovolcan, constitué par une alternance de coulées de lave et de dépôts de cendre a connu une quinzaine d’éruptions depuis 1528. Les coulées émises par le San Cristobal dépassent fréquemment les 10 km de longueur. La dernière phase éruptive a commencé en novembre 1999 et a duré environ 6 mois. Le volcan possède un cratère sommital de 600 m de diamètre d’où sort un énorme panache de gaz volcanique permanent.

Du sommet, vue panoramique sur les plaines du Nord, l’estuaire Real, le Golfe de Fonseca et les contreforts montagneux du nord du Nicaragua et d’Honduras. Nous n’avons pas beaucoup d’espace au sommet et les vents se déchaînent. François et Papa se couchent sur le dos pour atténuer l’impact du vent, car ce dernier augmente sensiblement la sensation de fraîcheur. Pour ma part je préfère me protéger des éléments en me plaçant un mètre en-dessous du sommet. Cela suffit amplement, car le vent n’est presque plus perceptible à cet endroit.

Une fois que tout le monde est parvenu au sommet, nous observons ensemble le cratère que nous dominons. En fait nous sommes à l’aplomb d’un gouffre qui mène sur une terrasse. Cette dernière est partiellement immergée sous une eau boueuse. Le guide nous explique que normalement cette gouille est asséchée. Apparemment le déluge que nous avons affronté au Telica n’y est pas étranger. Au bord de cette terrasse se trouve le cratère d’où s’échappe un grand nuage de vapeur et de gaz volcanique. Ce panache impénétrable nous empêche d’observer l’intérieur du cratère.

Nous pique-niquons ensuite au sommet. Avant de redescendre, le guide me propose de l’accompagner sur la crête en direction du cratère. Je pense que très peu de monde s’aventure à cet endroit, car l’accès qui mène à la crête est très abrupt. Le sol est constitué de gravier qui glisse sous mes chaussures, la pente est très raide et malheureusement il n’y a pas beaucoup de prises. Finalement nous atteignons la crête convoitée. Nous nous y aventurons sur une courte distance et nous prenons des photos avant de rebroussons chemin assez rapidement, car le groupe nous attend au sommet.

Après ces émotions, nous redescendons tous par le chemin que nous avons emprunté à l’aller. La descente dans la cendre est un vrai plaisir. Cependant il faut quand même faire attention, car c’est une cendre assez compacte et la pente est plutôt raide. Après une heure de descente dans la cendre nous atteignons la zone herbeuse où la végétation commence. Il commence à faire très chaud et nous devons nous hâter pour éviter d’être surpris par un orage étant donné l’amoncellement des nuages au-dessus du San Cristobal. Nous pénétrons ensuite dans la forêt où nous découvrons un serpent vert qui se faufile dans les branches. Nous arrivons finalement au camp de base où attend notre chauffeur. La descente du volcan aura duré au total 2 heures.

De retour à l’hôtel de Chinandega nous piquons une tête dans la piscine après cette journée sportive.

Samedi 1 novembre (Chinandega-Laguna Apoyo)

Le matin nous partons pour la Laguna Apoyo (immense lac de cratère remplis d’eau douce et cristalline). Sur le chemin nous nous arrêtons dans un village près de la lagune pour déjeuner et où un grand choix de bière nous est proposé. Nous arrivons ensuite dans un luxueux complexe hôtelier au bord de la lagune. Nous emménageons dans une maison constituée de trois grandes chambres et d’un salon avec cuisine.

De nombreux singes hurleurs font la sieste dans les arbres juste devant la maison.

Nous profitons de notre dernière journée Nicaraguayenne pour nous détendre au bord de la plage et nous baigner dans l’eau agréablement chaude de la lagune.

Dimanche 2 novembre (Laguna Apoyo-Managua)

Transfert à l’aéroport international de Managua et décollage pour Atlanta.

Lundi 3 novembre (arrivée à Genève)

Vol d’Atlanta à Paris, puis atterrissage à Genève à la mi-journée.