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partie centrale qui "pousse"

L'université

Nous sommes en octobre 1999 et je débute mon cursus universitaire à Fribourg. L’école de recrue s’étant terminée deux jours plus tôt, je commence l’uni sur les chapeaux de roues. J’avais hésité entre plusieurs branches à l’université. La seule certitude c’était que je me destinais à une carrière scientifique. Pour faire mon choix, durant le printemps 1999, je visitai plusieurs établissements académiques. J’avais par exemple songé à l’astrophysique, cependant je me suis vite rendu compte que c’est une discipline principalement académique et qu’il y a par conséquent en Suisse très peu de débouchés professionnels. J’ai visité également les labos de physique et de chimie à l’uni de Fribourg, ainsi que le département de chimie à l’EPFL. Bien que ces sujets soient fascinants, j’avais du mal à m’y projeter dans un cadre professionnel. Le déclic se produisit en visitant les labos de biochimie à l’uni de Fribourg. En effet la biochimie est une discipline passionnante plutôt récente qui permet d’appréhender le mécanisme moléculaire du métabolisme et des cellules. C’est une matière beaucoup moins « synthétique » que la chimie et qui donne des perspectives professionnelles très prometteuses. En discutant avec les professeurs et les étudiants, je réalisai que la biotechnologie était en plein essor en Suisse et que notre pays commençait à se positionner en tant que leader mondial dans ce domaine. Je pressentais que la biochimie serait une discipline majeure et novatrice dans la constellation scientifique du XXIème siècle. J’ai donc opté pour des études de biochimie à l’université de Fribourg et je pense que c’était un choix judicieux.

La première année se déroula parfaitement avec  d’excellents résultats comme au gymnase. L’année fût ponctuée par mon premier cours de répétition à l’infirmerie de la caserne de Drognens (chez les soldats cyclistes) et par des vacances à Ténériffe avec Carmen.

La deuxième année se passa aussi bien que la première. J’ai toujours eu l’habitude de réviser mes cours de façon régulière tout au long de l’année afin de pouvoir passer l’examen de fin d’année en début d’été. C’était tout le contraire de mes camarades qui bûchaient les cours uniquement durant la période inter semestrielle de l’été et qui devaient donc passer leurs examens en octobre juste avant le début de la nouvelle année. J’avais donc tout l’été libre pour profiter de mes longues vacances et gagner un peu d’argent. Ainsi durant l’été 2001, j’ai eu l’occasion de travailler chez Micarna. J’ai commencé à y travailler en juillet à l’emballage de viande hachée et l’ambiance était sympathique. En septembre j’ai été rappelé pour travailler aux abattoirs. C’était cette fois une autre paire de manche. Le hasard fit que je commençai le 12 septembre, c’est-à-dire le lendemain des dramatiques attentats du 11 septembre lorsqu’Al Qaida attaqua les Etats-Unis en faisant s’écraser des avions de ligne sur le World Trade Center et sur le Pentagone ! Cette première journée aux abattoirs était donc très éprouvante moralement en tenant compte du poste que j’y occupais. Ma tâche consistait à réceptionner les porcs qui venaient de se faire égorger et de les pendre par une patte pour les fixer sur le rail de la chaîne de « démontage ». Il fallait évidemment faire abstraction des cris assourdissants des cochons qui présentaient leur destinée funeste et de la mare de sang qui engluait entièrement la zone d’abattage. De plus les pauvres animaux égorgés ne cessaient de pédaler furieusement dans le vide. Il fallait donc à chaque fois maîtriser une des pattes pour y fixer la chaîne. Les cochons poursuivaient ensuite dans un bain d’eau bouillante pour décoller leur peau et mieux être écorchés.

Après mon expérience positive aux USA en 1996/1997, j’avais envie de perfectionner également mon Allemand. J’ai donc décidé de faire ma troisième année de biochimie à Zurich grâce à un programme de mobilité entre universités. C’était l’occasion idéale de m’immerger totalement dans la langue de Goethe. Malgré la taille conséquente de l’université de Zurich comparée à Fribourg, nous n’étions que huit étudiants en biochimie. Nous étions donc très bien encadrés et j’ai eu une année très agréable au milieu de mes camarades Suisse-Allemands. J’ai profité de cette année pour faire une spécialisation en immunologie à l’ETH et les cours y étaient très passionnants. A Zurich il n’y a pas d’examen de fin de troisième année contrairement à Fribourg. En fait les examens finaux de quatrième année comprennent également la matière apprise en troisième année. Ainsi, afin de valider ma troisième année, j’ai dû organiser des examens individuels avec chaque professeur ! C’était la première fois que je faisais des examens oraux en Allemand à l’université et contre toute attente je les ai passé haut la main ! D’ailleurs je n’ai jamais eu d’aussi bonnes notes à l’université, d’autant plus qu’elles étaient déjà excellentes les années précédentes. Les professeurs étaient très satisfaits de moi et ils me proposèrent même de terminer mon cursus universitaire à Zurich au lieu de rentrer à Fribourg. Cependant je déclinai leur offre, car j’avais d’autres projets à Fribourg.

De retour en Suisse Romande en août, je parts pour un cours de répétition à Hauterive. Cette fois il s’agissait de participer au soutien logistique pour l’Exposition nationale suisse de 2002. Cette Expo mémorable eut lieu autour des lacs de Bienne, de Neuchâtel et de Morat sur quatre Arteplages (Bienne, Neuchâtel, Yverdon-les-Bains et Morat). La dernière édition avait eu lieu en 1964 à Lausanne. L’Exposition nationale est l’occasion de faire le point sur l’état du pays, sur le plan politique, social, démographique, etc. En tant que soldat nous avons eu de multiples missions durant ces trois semaines de service tel que réglage de la circulation en ville, surveillance de port ou filtrage de véhicules dans les zones résidentielles. Afin de nous récompenser pour nos efforts, l’armée nous offrit une journée libre dans les Arteplages de l’Expo. Je visitai donc celle d’Yverdon-les-Bains et de Bienne. Le thème à Yverdon était « Moi et l’Univers ». Il y avait un jardin de la séduction. Le visiteur se promenait entre des collines artificielles fleuries dans lesquelles étaient logées les restaurants, les locaux techniques, mais aussi des installations artistiques. Le symbole de l’Arteplage était le nuage « Blur », une construction métallique reliée à la terre ferme par deux passerelles et dont les milliers de buses crachaient l’eau pompée et filtrée dans le lac et la transformait en nuage. Au sommet du nuage, le visiteur pouvait déguster un verre d’eau dans le « Bar des Anges ». A Bienne le thème « Pouvoir et liberté » était traité, tel que la relation à l’argent, à l’Etat et la communication.

Avant de terminer mon cursus universitaire à Fribourg, je passai une semaine de vacances à la Mer Rouge (Safaga) avec Carmen, François, maman et Thierry. La 4ème et dernière année à l’université de Fribourg se passa également très bien. Je fis mon travail de diplôme dans le laboratoire du Professeur Urs Albrecht. Ce jeune professeur dynamique avait monté son labo l’année précédente et s’intéressait aux mécanismes moléculaires régissant l’horloge biologique. Il cherchait ainsi à comprendre la façon dont les configurations génétiques qui régulent les processus biochimiques et physiologiques interagissent avec les conditions environnementales. Pour mon travail de diplôme (« The CoRNR motif in the mammalian clock protein Period 2 (PER2) is crucial for protein interactions with other clock components ») j’étudiai une protéine ayant un rôle important dans le réglage de l’horloge interne. L’étudiant précédent avait travaillé sur le même sujet, cependant ces résultats étaient décevants. C’était un étudiant brillant, mais il n’est pas parvenu à entrer dans une bonne dynamique au labo et à coopérer de manière efficace avec l’équipe et son mentor. J’ai donc repris ces travaux depuis le début afin d’obtenir des données cohérentes et exploitables ce qui m’a permis de décrocher la note maximale pour mon travail de diplôme. A cette époque le milliardaire suisse et patron de Serono, Ernesto Bertarelli, avait remporté la coupe de l’America en Nouvelle-Zélande grâce au team Alinghi. Début juillet 2003, j’ai eu le privilège de faire partie de la délégation de Fribourg pour assister au congrès de Prix Nobel de médecine à Lindau. Ernesto Bertarelli y était hôte d’honneur et donc j’ai eu l’occasion de le féliciter personnellement pour sa victoire. Ensuite je m’envolai avec Carmen pour Madagascar afin de participer au mariage de ma sœur Nathalie. En décembre 2003 je passai haut la main les examens finaux de licence en biochimie à l’uni de Fribourg. Cette période fût marquée par la capture de Saddam Hussein par les Américains près de Tikrit en Irak le 14 décembre, quelques jours après la fin de mes examens finaux. Afin de faire le tampon entre les examens finaux et la remise de diplôme, je travaillai comme laborant dans le labo du Professeur Albrecht. Ceci permis de poursuivre mes travaux de recherche sur l’horloge interne et aider la nouvelle doctorante (Sonja Langmesser) à commencer son doctorat sur mon sujet. Lors de la remise de diplôme en février 2004, je reçu le prix Syngenta Crop Protection Monthey SA récompensant le meilleur étudiant en biochimie (meilleure moyenne calculée sur les quatre années d’université). Après la cérémonie nous avons soupé à la table d’hôte de Jonathan Richoz à Middes. C’était l’occasion de déguster sa cuisine et de passer une bonne soirée chez lui et son père.