Contactez-nous

partie centrale qui "pousse"

Didier, une enfance insouciante

Mes parents n’étaient pas bien riches, mais le salaire de mon père nous permettait de vivre correctement. Dans les premières années, il a toujours ajouté à ses journées, diverses heures de travail comme ouvrier du bâtiment. En 1953 il a construit notre maison dans le quartier de Grand-Vennes. Après avoir creusé à la main les fondations dans la molasse, il a construit notre chalet avec 30'000.- seulement.

Ma mère aussi a toujours travaillé. Son besoin de contact humain a été satisfait par une activité de vendeuse en alimentation. Moi aussi je travaillais. Pour réaliser mes rêves et il me fallait des moyens. Désherber chez un pépiniériste, emballer des légumes dans le magasin où travaillait ma mère. Plus tard j'ai fait des tâches plus techniques : câblé des tableaux électriques par exemple. J’ai pu ainsi réaliser mes premiers rêves. Acheter un vélomoteur, une guitare électrique.
Je n'ai pas de frère et sœur. Il a donc fallu que j'organise mes contacts de jeu à l'extérieur. Lorsque je voulais jouer à Tarzan ou à Ivanhoé le chevalier, il me fallait faire envie aux copains, trouver des idées pour ne pas être seul.
Des copains, il y en avait beaucoup. Tout le quartier de Grand-Vennes a été construit par de jeunes parents qui cherchaient à élever leur progéniture à la campagne.
Les prés qui nous entouraient au début ont petit à petit fait place aux villas. Il y avait les « anciens » et les « nouveaux ». L’école nous permettait de mieux nous rapprocher. Distante de plus d’un kilomètre, on y allait en groupes et parfois (surtout au retour) on flânait un peu.

En 3ème année, j’ai fait la connaissance de Philippe Bigler, de son frère Pierre (qui était en 5ème) et de leurs deux soeurs. Leur maison était située de l’autre côté de la forêt, aussi nous nous voyions peu. J’étais aussi impressionné par leur père très sérieux avec son éternelle serviette sous le bras. Quels documents importants pouvait-elle bien contenir ?
Mes parents ont souvent encouragé mes initiatives mais parfois ils les ont plus difficilement acceptées. En organisant un concours de saut à la perche, j’ai sérieusement abîmé le gazon. Avec les Kohli, nous avons passé beaucoup de temps à creuser une grotte dans la mollasse et mes habits n’y résistaient pas longtemps.
Les enfants de Siebenthal ont fait régner la terreur pendant des années. Un peu plus âgés, plutôt costauds, ils formaient un clan contre lequel il fallait se tenir les coudes ! Heureusement qu’on avait de quoi se venger… leur petite sœur avait un défaut de prononciation qui nous permettait de nous moquer d’elle.
Un jour ma petite carabine à mouchets a disparu. Sur la base de quelques témoignages, mon père est allé dans cette famille la réclamer. La mère a affirmé que ce n’était pas ses enfants qui l’avait prise.
- Alors, pourquoi est-elle accrochée au mur derrière vous a-t-il répondu en la décrochant pour l’emporter.

Roger et Daniel ont été mes premiers amis d’enfance. J’ai retrouvé à la cave dernièrement une lance à pointe de fer que j’avais fabriqué. Décorée de fourrures, elle serait digne d’avoir appartenu à un grand chef sioux. Pour la tester je l’avais lancée de toutes mes forces jusque dans le gazon de chez Roger. Pas de bol, elle s’est fichée dans un des souliers de foot quasiment neufs qu’il avait fait séché au soleil. Cela a amorcé une grande bagarre. Nos pères respectifs venaient de labourer les jardins et les mottes de terre ont constitué des projectiles parfaits. J’ai été déclaré fautif par le père de Roger qui m’a injurié…et m’a fait tout nettoyer. Je ne lui ai plus reparlé pendant 5 ans. Nous en avons tout de suite bien rigolé avec Roger, mais il a fallu que je sois un peu plus discret en présence de son père !

Daniel était élevé par ses grands-parents en face de chez nous. Sa vie n’était pas facile aussi venait-il parfois se réfugier à la maison pour échapper à leur colère. Mes parents se sont toujours montrés accueillant avec les enfants du quartier. Mon papa a même construit une piscine dans le jardin. Plus de vingt mètres cube de terre ont été déplacés à la main. Nous l’avons plus ou moins aidé en fonction de notre force, mais ça a été un sacré travail pour lui. Pendant plusieurs années cette piscine a été la plaque tournante des amitiés du quartier.
En 1960 nous avons pris nos premières vacances. Mes parents on eu la chance de connaître une personne qui nous a loué pour pas cher un appartement à Nice et c’est en train que nous avons fait le trajet. Je me rappelle en particulier du train à vapeur (Vintimille – Nice). Là-bas nous avons visité entre autre une distillerie de pétales de rose à Grasse et les restes de la ville de Fréjus dévastée par la rupture d’un barrage quelques années auparavant.
A l’âge de 12 ans, je me suis aussi « marié » avec Catherine, fait un pacte d’amitié éternelle avec Daniel, puis avec Roger, puis avec sa sœur Liliane.
Cette année là mon père a organisé de superbes vacances de camping à « Pont de Nant ». Nous avons pris Roger avec nous. Mon père a installé près d’une forêt une tente qu’un ami nous avait prêtée. Le lendemain matin nous sommes réveillés par le museau d’une vache un peu trop curieuse ! Les ballades à pied, une glissade en bas un névé sur une grande pierre plate, l’exploration de la rivière, la construction d’une cabane sous un rocher nous ont laissés en deux semaines des souvenirs impérissables